vendredi 4 décembre 2015

Lutter contre les abandons: changer l'image du chien.

Souvent, lorsqu'une petite annonce pour le placement d'un chien circule sur les réseaux sociaux, elle déclenche des réactions de colère assez impressionnantes. Les premiers propriétaires du chien sont insultés de tous les noms, leurs motifs raillés et assez souvent on leur souhaite d'être attaché à un pylône électrique cet été.

Bon dans l'absolu ça ne me dérange pas qu'on prenne en grippe des gens qui se débarrassent de leur animal, parfois de façon abominable et qui me font me demander si ce ne sont pas des sociopathes. Même si il ne faut quand même pas omettre que dans le lot de ces gens qui replacent leur chien, il y en a pour lesquels c'est un réel déchirement.

Quelque soit le profil de ces personnes, elles ont toutes en commun de ne pas pouvoir/vouloir prendre soin de leur chien. Et par conséquence tous ces chiens ont une chose en commun: l'abandon est finalement la meilleure chose qui puisse leur arriver!

Dans le cas de Linux, qu'il ait été abandonné est en fait une excellente nouvelle. Manifestement battu, il a franchement gagné au change.


Parce que qu'est ce qui est le mieux pour eux finalement? Qu'ils restent dans leur famille, alors même qu'ils ne peuvent pas s'y épanouir, sont souvent délaissés et parfois même maltraités, parce que l'abandon c'est le mal? Ou qu'ils quittent cet environnement qui ne leur convient pas pour un foyer qui pourra répondre à leurs besoins?
Pour moi les campagnes anti abandons sont un non sens: aucune personne n'abandonnera son chien sur le bord de la route pour partir en vacances si elle lui consacre ne serait ce que le quart de l'attention, de l'affection et du temps qu'on doit avoir pour son chien. Ces personnes là ne se sépareront de leur chien que si elles y sont forcés, et certainement pas de façon si lâche.
Et en fait même les chiens appartenant à ces personnes là gagneraient parfois à être replacé. Cela risque d'en faire bondir un bon nombre, mais non une vie dans un pavillon, avec un tour de quartier par jour et encore si on a de la chance, de temps en temps une balade en forêt pour aider les humains à digérer leur déjeuner dominical et une partie de balle quand le môme est décidé, le tout agrémenté de croquettes et de bouts de fromage filer sous la table, ça rend pas un chien heureux. Désolée mais non, ce n'est pas une vie pour un chien, c'est un tunnel sans fin d'ennui, et si le chien ne manifeste pas toujours son mal être de façon dommageable pour nous, cela ne les empêche pas de souffrir de ce manque de sollicitation. Les plus mal lotis sont bien souvent ce qui souffrent en silence. Ceux qui manifestent leur incapacité à s'adapter à cette vie morne en aboyant lorsqu'ils sont seuls, détruisant le mobilier ou en grognant sur l'humain tentant de reprendre sa chaussette sont ceux qui se retrouver sur une petite annonce. Celui qui se tait et dort, ayant basculé dans un état de détresse acquise, est qualifié de chien heureux et vivra toute sa vie ainsi. Ou plutôt il passera à côté...
Un chien ça a besoin de tout ça pour être bien. Si vous ne pouvez/voulez pas lui offrir ce dont il a besoin, même pas ce dont il a envie, on ne parle pas de caprice ou d'extra ici mais bien de besoins fondamentaux, n'en prenez pas, et si vous en avez déjà un, faites quelque chose ou mettez vous en quête d'une famille pouvant y répondre.

Et là on rencontre un autre problème qui est qu'il n'y a probablement pas suffisamment de foyer capable d'accueillir un chien et de lui permettre de s'épanouir pour tous les chiens déjà présents sur le territoire. Avoir un chien ce n'est pas aussi facile que les films ou notre expérience lointaine nous laisse le croire, ce n'est pas juste lui faire une place sur le canapé et l'aimer. C'est un mode de vie.

Finalement lutter contre les abandons, ce n'est pas tenter de convaincre des gens qui ne s'occupent pas de leur chien comme celui ci le nécessite, quelle qu’en soit la raison, de le garder, c'est éviter que ce chien se retrouve dans cette famille. Donc c'est de lutter contre les acquisitions irréfléchies.Et ça passe par signer cette pétition, parce que la vente de chiots façon Picwic, ça va bien 2 minutes.

On peut tenter de limiter les abandons en élaborant des conditions de ventes complexes qui feront que, les seules personnes assez motivées pour se lancer là dedans auront à cœur de trouver des familles adaptées à leur chiot. C'est vrai. Mais vu le statut légal de l'animal domestique aujourd'hui et la solution plus que partielle qu'apporte la toute nouvelle législation, il va falloir également se pencher sur la demande.
Mais outre lutter contre cette possibilité d'achat compulsif, par les animaleries, les particuliers véreux (oui il y a des particuliers qui font un excellent travail de sélection, pas seulement sur la race mais aussi dans les acquéreurs) et les marchands de chiens (et là, la nouvelle loi ne va pas aider), il faut, à mon sens, modifier l'image du chien dans notre société. Un marché c'est une offre et une demande, et si on veut le réguler, il faut le faire des deux côtés.

Dans l'imaginaire collectif, à partir du moment où on a un jardin, on peut avoir un chien. Un chien ça a juste besoin d'une gamelle, d'une gratouille, d'une baballe et de pisser bornes à incendie. Et bien non, revoyez plus haut le cas du chien pavillon. C'est comme ça qu'on crée un bon nombre d'abandon. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, les personnes qui postent une annonce pour replacer leur chien, contactent une association ou un refuge ne sont pas tous des raclures des bidés qui ont voulu jouer à la peluche ou à la poupée, des irresponsables notoires ou juste des enfoirés si on veut faire simple. Un bon paquet sont des personnes qui avaient au départ de bonnes intentions mais qui n'avaient aucune idée de ce qu'est un chien et de ce dans quoi ils s'embarquaient. Des gens qui ont grandi avec un chien sans prendre la mesure de l'investissement de leurs parents ou du mal être du chien de leur enfance, qui ont des amis ayant un chien qui sort quand ils le veulent, leur fait la fête quand ils rentrent et leur chauffe les pieds devant la télé. Bref des gens qui ont pris un chien avec en tête une idée tout à fait erronée de ce que cela représente sans s'en douter le moins du monde.




 Le problème c'est que contrôler la demande, c'est encore plus complexe que de restreindre l'offre ... Pendant un moment je faisais partie de ceux qui veulent une permis de détention pour tous les chiens, et pas seulement ceux qui sont arbitraires catégorisés. Un peu sur le modèle de ce qui se fait en Suisse, avec des cours avant et après l'adoption, afin d'exposer les besoins d'un chien, comment l'éduquer etc. Sauf que, la SCC choisissant comme couverture FB la photo d'un chien avec un collier à piques, j'ai un peu peur de ce que serait le contenu de ces cours. A la limite je préfère des gens qui savent rien à des gens qui pensent qu'un chien, ça se domine, leur intuition les mènera peut être à des choses moins stupides.

Il faudrait toutefois trouver un moyen de supplanter cette image du chien paillasson par celle d'un animal avide d'interactions. Et là... Je sèche... Donner une visibilité plus grande à toutes ses familles qui ont un chien qui vit une vraie vie de chien, avec des balades, des défis intellectuels et le droit d'exprimer sa nature, en dehors du cercle confidentiel des passionnés de cet animal domestique n'est pas chose aisée. L'essor des sports canins, en montrant à tous ce que peut faire une chien pourrait donner au grand public l'intuition qu'un chien ne peut pas se satisfaire de 20minutes en laisse par jour et de chahuter avec les enfants. C'est tout le bien que peuvent apporter les prestations télévisées comme celle de Charlie, les démonstrations en animalerie ou dans les événements municipaux. Mais il faudrait vraiment plus. Mais quoi...


Je tiens à préciser qu'il n'y a aucun jugement de valeur dans mon propos même si il peut paraître dur.  Ne pas être une "à chien", dans le sens pouvant offrir à un chien ce dont il a besoin pour s'épanouir, ne veut pas dire être une mauvaise personne. Chacun est différent, avec ses obligations, ses envies, ses possibilités et ses priorités. Il est donc tout à fait logique que tout le monde ne soit pas une personne à chien.



dimanche 4 octobre 2015

L'amour c'est bien joli, mais la vie ce n'est pas de la meringue.

Il y a plusieurs années, j'avais quitté les groupes canins FB qui n'avaient pas d'objectif de partage précis. Je ne me souvenais plus pourquoi jusqu'à ce que j'en rejoigne à nouveau un.
Sur ces groupes, à chaque conseil, remarque, information, on se voit opposer l'argument "On s'en fiche de tout ça, l'important c'est qu'on les aime".
Vraiment? Mais c'est quoi l'amour d'abord. Selon le Larousse ce serait l'affection et la tendresse que nous éprouvons à l'égard de nos chiens. Ok. Mais notre amour les rend t il heureux?

Nous avons tous connaissance de cas où l'amour des propriétaires porte atteinte à l'intégrité de leurs animaux.
Les chiens obèses parce qu'on ne sait pas leur refuser la moitié de notre assiette, ceux qui ne voient jamais leurs congénères et presque pas l'extérieur parce qu'on a trop peur qui leur arrive quelque chose, ou encore ceux qui souffrent d'hyper attachement à force d'être couvés, papouillés, infantilisés.

Ca ce sont les cas évidents, ceux qui démontrent que l'amour ne fait pas tout.

Mais sans aller aussi loin,  chaque jour des histoires fleurissent sur la toile, me rappelant qu'on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche.

Parce que qu'est ce qu'un chien heureux? C'est un chien qui est respecté dans sa nature et dont les besoins sont comblés. C'est un chien qui sort, qui joue, qui voit des congénères, qui mange une alimentation adaptée (c'est un carnivore rappelons le), qui a une activité physique et intellectuelle, qui est entretenu, qui a droit à ses moments de calme et de solitude, qui a la possibilité de ronger et dont on veille au bien être psychologique.

Je vais développer ensuite le dernier point, parce que les autres me semblent aller de soi, mais force est de constater que tous les autres besoins de nos chiens sont régulièrement niés. Combien de chiens ne sortent que rarement, combien mangent des croquettes de supermarché, combien sont constamment harcelés par les enfants du foyer? Quand on commence à parler de réelle réponse aux besoins d'activité physique et mentale c'est pire encore. Rares sont les chiens qui ont l'occasion de nous montrer leur potentiel.

Respecter et veiller au bien être mental de son chien c'est quoi?
Tout d'abord c'est apprendre à communiquer avec lui. Il faut donc être capable de lire le langage canin, et notamment les signaux d'apaisement, mais aussi lui apprendre à parler la notre langue. C'est à dire lui expliquer ce que nous attendons de lui lorsqu'on ne lui disons "Assis", "Attends", "Viens par là" etc. En réalité c'est plutôt créer un langage commune où chaque signal amène une réponse de l'autre partie.
Ce langage on le façonne au gré de l'éducation. Ce qui m'amène à mon point suivant: aimer son chien c'est l'éduquer avec des méthodes logiques et respectueuses, autrement dit en renforcement positif.



Et enfin, s'assurer de l'équilibre moral de son chien c'est lui éviter au maximum le stress. En respectant ses besoins sus nommés mais aussi en lui apprenant à composer avec les impératifs et les contraintes de la vie avec les Hommes.
Il n'y a pas grand chose qui me met plus hors de moi qu'une vidéo présentée comme marrante d'un chien qui est terrorisé par sa douche. La douche est un événement qui n'a rien de naturel pour un chien. C'est votre rôle de lui apprendre à l'accepter sans crainte, pourquoi pas à y prendre plaisir, mais au moins à ne pas le redouter. Et c'est valable pour tout ce qui est de l'ordre des soins: c'est votre boulot d'apprendre à votre chien à se faire manipuler, à accepter de se faire nettoyer les oreilles, couper les griffes etc sans stress. Ce sont des actes que vous allez devoir répéter toute la vie de votre chien, pourquoi en faire une guerre perpétuelle, pourquoi cela devrait il être dur pour lui. Ce n'est pas une fatalité, vous avez la possibilité de changer l'état émotionnel de votre chien vis à vis de ça, faites le. Sans compter qu'au delà du simple fait que vous êtes responsables du "bonheur" de votre chien, arrivera certainement à jour où vous aurez à traiter un vrai problème. Qui sera douloureux/ nécessitera un traitement rigoureusement régulier/ qui concernera un endroit difficilement manipulable. Et là vous serez heureux d'avoir un chien qui n'appréhende pas vos mains, les instruments et qui ne vous fuira pas.
Vous n'acceptez pas les comportements indésirables de votre chien (vols sur la table, dégâts, sauts sur les invités …) parce qu'il vous aime, pourquoi votre amour serait il une excuse pour lui faire subir des actes qui sont anxiogènes pour lui, alors que ce n'est pas une fatalité?

L'amour vous fera forcément faire des conneries, vous allez forcément faire des erreurs parce que vous l'aimez, parce que quand l'émotion prend le pas sur la raison, on est capable d'énormes boulettes.

Il y a quelques semaines, Flappy allait mal, très mal. On ne savait pas ce qu'il avait, si il allait s'en sortir, il ne dormait pas la nuit (et moi non plus), il avait mal, et le traitement de la dernière chance, pas de bol, c'était des suppositoires. Lorsque j'ai voulu lui mettre le premier, il s'est débattu et s'est caché. Et j'ai littéralement pété un plomb. Parce que j'étais effondrée de le voir souffrir, que j'étais terrifiée à l'idée de le perdre, parce que je l'aimais et que je voulais le soigner. J'étais complément hystérique. Et je lui ai fait peur, peut être même que je lui ai fait mal.
Mais il s'agit d'un cas extrême, dans la vie de tous les jours, j'aurais pris mon clicker et je l'aurais conditionné à accepter ce traitement.

J'ai mis du temps à regagner sa confiance, un temps que nous n'avions pourtant
pas tant il était capital qu'il prenne son traitement.
En voulant passer en force, on perd toujours.
La vie est dure, elle l'est avec vous, elle le sera peut être avec lui. La vie s'occupe très bien de nous faire subir des stress intenses sans que nous en rajoutions au quotidien au motif qu'après tout, ce n'est pas si grave si ce que nous faisons subir à notre chien de temps en temps le met mal à l'aise, voir lui fait peur, puisqu'on l'aime.

J'ai lu il y a quelques temps une citation sur l'amour qui est très juste selon moi: "L'amour ne donne aucun droit sur l'autre, seulement le devoir de le respecter" - Jacques Salomé.

Pour bien vous occupez de votre chien, vous devez l'aimer. Sinon tous les soins, activités, la vie quotidienne seront des contraintes et vous ne vous donnerez jamais la peine de combler tous ses besoins. Mais ce n'est pas suffisant, votre amour ne remplacera jamais les bienfaits d'une course, du suivi d'une piste ou d'une sieste réparatrice. Et votre amour n'annulera jamais les conséquences morales et physiques qu'auront un bain stressant, une visite terrifiante chez le vétérinaire ou la panique provoquée par le passage d'une moto.

L'amour c'est une condition nécessaire, mais non suffisante.

lundi 10 août 2015

La syringomyélie chez le Cavalier King Charles, une formidable omerta

Flappy, mon cavalier king charles, mon snobinard adoré est atteint d'une foutue saloperie appelée syringomyélie. Il a eu droit à 10 mois de vie avant d'être rattrapé par cette saleté. Qu'est ce que ça signifie concrètement? Il se gratte compulsivement au niveau des épaules, il traine les pattes avant à s'en user les griffes jusqu'à la pulpe (et fait de l'arthrose des chevilles à cause de sa démarche), ses pattes arrières sont raides et lui donnent un air de cow boy, il ressent la douleur de façon plus intense que les autres chiens et parfois hurle sans raison quand il est en crise. Il y a des périodes avec et des périodes sans. Après 4ans de phase cool avec quelques épisodes difficiles on vient de terminer un affreux mois. Ca revient petit à petit à la normale, je peux enfin dormir la nuit et lui peut à nouveau faire ce qu'il aime sans être complètement abattu ensuite.
Vous allez me dire, c'est triste mais c'est la vie. Shit happens comme disait quelqu'un récemment. Sauf que non, mon chien n'a pas simplement pas eu de chance. Il est aussi victime d'une dangereuse mise sous silence. Parce que la syringomyélie ne va pas simplement emmerder mon chien toute sa vie et finir par le tuer, c'est toute sa race qu'elle met en danger. Mais ça, on ne vous le dira pas.

La syringo, c'est quoi d'abord? Laetitia en parle très bien et ce site fait par une personne formidablement impliquée vous donnera plus de détails mais pour faire simple, la syringomyélie survient lorsque l'écoulement du liquide cérébro-spinal est obstrué.
Est ce que ça se soigne? Non. Comment ça s'attrape? C'est héréditaire. Est ce que ça se gère? Plus ou moins bien. On peut donner des médicaments contre la douleur ou pour diminuer la production de fluide cérébro-spinal. Une opération existe mais elle est rarement prescrite et pratiquée, certaines lésions ne pourront pas être réparées et la maladie peut réapparaître. Vous trouverez tous les détails avec le lien que je vous ai donné plus haut, ce qu'il est important de retenir ici c'est que la syringomyélie est une maladie héréditaire, qui se dépiste par IRM, qui fait mal et dont l'évolution est imprévisible: certains chiens resteront asymptotiques toute leur vie, d'autres ne vivront pas 2 ans.

Quand j'ai adopté mon chien j'ai tout fait comme il fallait: un chiot LOF, dont j'ai vu la maman, dont les parents sont testés coeur et yeux, , conformément aux exigences du club de race et identifiés génétiquement. C'est encore les critères de sélection qu'on donne aux gens souhaitant acquérir un cavalier.
Sauf que la liste des recommandations est incomplète: la syringo, elle est où là dedans?

Sur le site du club de race, une page est consacrée au "cerveau". Il s'agit d'un compte rendu d'une conférence donné par le Dr Laurent Cauzinille au club et aux éleveurs le 16 Octobre 2004. Il y a exposé la nature de la maladie, son diagnostic et sa prise en charge ainsi que des pistes sur le protocole que pourrait mettre en place le club pour endiguer la progression de la maladie. C'était il y a plus de 10 ans. Et maintenant?

La position du club face à cette maladie est résumée par leurs critères de dépistages:
 - "La maladie doit être fréquente et curable"
Fréquente, elle l'est et pas qu'un peu! La recherche à la fin de l'année de 2007 et au début de l'année 2008 établie que 50 à 70% des cavaliers king charles sont atteints de syringomyélie. Aucun protocole de dépistage et de sélection n'ayant étant mis en place depuis lors, nous sommes en droit de penser que la situation est pire aujourd'hui.
Avec 7547 naissances inscrites au LOF en 2013, cela voudrait dire qu'entre 3773 et 5282 chiens porteurs, symptomatiques ou non, ont vu le jour cette année là, et là on compte seulement les chiens LOF.
Je ne sais pas vous mais moi je trouve la fréquence relativement élevée quand même!

Par contre effectivement la maladie n'est pas curable. Mais elle entraine des souffrances plus ou moins accrue toute la vie du chien, elle oblige les propriétaires à adapter leur mode de vie, à engager des frais importants, à pleurer tout bas leur compassion pour cet animal qu'ils aiment et finalement, à prendre la douloureuse décision de mettre un terme à tout ça.
Ne devrions nous pas tout mettre en place pour éviter à des chiens de voir leur vie estropiée, leur espérance de vie écourtée, ne devrions nous pas éviter à des personnes de devoir décider de dire adieu à leur chien après un long parcours vallonné de souffrance?
Ca ne se soigne pas, alors tant pis?

- "Les méthodes de dépistage doutent être simples (non ou peu traumatisantes)".
L'IRM est une technologie disponible dans un grand nombre de cliniques vétérinaires. Certes elle nécessite une anesthésie générale mais c'est un examen non douloureux.

- "Le coût du dépistage doit être faible".
Nous voilà arrivés à l'épineuse question, celle de l'argent.
C'est un argument souvent soulevé: Une IRM ça coûte cher.
Parlons d'abord chiffres: J'ai payé l'IRM 394E, l'échographie cardiaque 170E. Une IRM faite à 3ans, si elle révèle un chien sain, donne le feu vert au reproducteur pour toute sa vie. Une écho cardiaque doit être réalisée tous les 18 mois, conformément au protocole du club de race. Certes c'est un coût plus élevé au départ mais sur la "carrière" d'un reproducteur, le dépistage de l'IRM est moins onéreux que celui de la MVD.
Un chiot de CKC coûte au bas mot 800€, sauf défaut de conformité au standard. J'ai payé le mien 950, je connais des gens ayant acquis une femelle pour 1200 voir même 1500€. Une augmentation du prix du chiot de 100€ pour répercuter les frais de dépistage ne détournerait pas les futurs propriétaires de l'achat. Il s'agit d'un pari sur l'avenir, tous les futurs propriétaires soucieux de leur chien sont prêt à mettre le prix nécessaire pour acquérir leur chiot chez un éleveur sérieux. Et sérieux veut dire: soucieux de proposer des chiots équilibrés, en bonne santé et qui ont toutes les chances de le rester.
Sans compter que, si l'on prenait la peine d'analyser les pedigrees des chiens atteints, qu'on rassemblait les dépistages au fur et à mesure, on pourrait écarter des chiens sans même les tester, par simple analyse des lignées.

Non le vrai coût de la syringomyélie n'est pas dans le dépistage en lui même: le vrai coût réside dans la proportion du cheptel atteint. Imaginez que tous les éleveurs doivent écarter de la reproduction 50 à 70% de leurs chiens. Ceux sont autant d'individus qui ont représenté un coût (achat, entretien, exposition, soin, alimentation etc) et qui ne seront jamais source de revenus. Pour une bonne partie d'entre eux, il faudra chercher à les replacer. Et qui se sentira capable d'adopter un chien avec un tel pronostic?
Il est là le vrai problème de la syringo, elle est là la vraie raison de ce silence autour de cette pathologie: si l'étude dit vraie, et pourquoi serait elle fausse, que faisons nous de tous ces chiens? Comment remplacer les revenus qui s'envolent?

Certains objectent parfois aussi qu'éliminer les chiens porteurs sains réduirait encore la diversité génétique. Et alors, vaut il mieux un grand cheptel malade ou un petit cheptel sain? A l'heure de la libre circulation des biens et des services, à l'heure où les éleveurs n'hésitent pas à traverser l'Europe pour faire des expositions, il est peut être temps de faire évoluer la collaboration internationale entre les éleveurs? Certains pays sont bien plus avancés que non dans la lutte contre ce fléau.
Tout comme les arguments constituant à dire que la syringo ce n'est pas si terrible, après tout le chien ne fait que gober des mouches (ce qui est faux, soit dit en passant) et se gratouiller un peu,  que les chiens malades viennent d'usines à chiots, que c'est plutôt rare en réalité, celui ci ne sert qu'à aider les personnes fautives à être sereines devant leur hypocrisie: si on se convainc assez que ce n'est pas grave, rare ou qu'il y a plus important, alors on ne se sent pas coupable de ne pas faire le test.

Flappy est mon chien et la seule chose qui compte aujourd'hui est de le rendre le plus heureux possible aussi longtemps qu'il pourra en profiter.
Mais Full Monty de la Dynastie d'Orkhan (son vrai nom) est plus que ça, il fait partie de ces chiens qui sauveront les autres, si nous nous décidons à faire quelque chose
Parlons éthique à présent: Comment pouvez vous dormir en sachant qu'à l'heure qu'il est, une famille est peut être en train d'essayer d'apaiser le chien qu'elle vous a acheté après des mois d'attente et mûre réflexion et qui est en train de se gratter furieusement derrière les oreilles? En sachant qu'une jeune fille a du aujourd'hui arrêter l'agility de loisir qu'elle et son chien adoraient parce qu'il a développé une ataxie? Que ce petit garçon ne peut plus jouer à la balle avec son meilleur copain parce que l'excitation augmente ses douleurs?
Le travail d'un éleveur n'est il pas d'améliorer sa race? Le cavalier est un chien 4X4, partant pour tout, qu'on peut emmener partout… Sauf quand il a la syringo. Parce que votre chien malade n'est plus tout à fait lui. La maladie l'étouffe, l'efface.

Avant de décider que tout ce que je viens de raconter, c'est des conneries, de la sensiblerie de propriétaire meurtrie qui cherche un responsable à accuser, lisser tous les liens contenus dans ce texte, taper "Syringomyélie cavalier king charles" dans Youtube.
Alors vous saurez.

samedi 30 mai 2015

Devrions nous encore avoir des chiens?

Vous connaissez ce genre de personne qui tourne et retourne dans sa tête la moindre réflexion qu'on peut lui faire? Le genre de personne qui serait capable de culpabiliser de se faire rentrer dedans par un con qui a griller un stop? Ce genre de personne c'est moi. Et si j'écris aujourd'hui, c'est parce qu'un très aimable naturaliste m'a dit que mes chiens tuaient les orchidées.

Je considère qu'avoir un chien est un droit mais que les autres ont aussi le droit de choisir de ne pas en avoir, et n'ont donc pas à subir les conséquences de mon choix. La liberté de l'un s'arrête là où celle des autres commence, vous voyez le genre?

J'habite en ville, dans une métropole très urbanisée et "pire", en appart'. Autant dire que je connais bien les contraintes du chien citadin et la difficulté à partager cet espace avec les autres. Il faut veiller à ce qu'ils ne pissent pas sur les devantures des magasins, leur apprendre à ne pas prendre toute la place sur le trottoir lors des croisements, travailler sur la réactivité aux multiples stimulus qu'il peut y avoir, veiller à ce qu'ils ne descendent pas du trottoir n'importe comment etc. Bref c'est un gros travail, potentiellement du stress pour le chien et en plus même quand on fait tout bien y'en a qui râle!

Pour le bien être de mes chiens (mais aussi pour le mien, parce que le travail de bureau ça rend fou), je les emmène tous les jours dans des endroits où ils peuvent flâner tranquillement, courir, explorer, bref être des chiens basiques sans déranger personne.

Il y a un endroit que j'affectionne particulièrement, parce qu'il est grand et varié. 
Il y a 2 jours, je m'y rends donc après le boulot avec les monstres et, toujours dans ma maniaquerie de nana qui ne supporte pas qu'on la gronde, je les emmène vers un petit sentier, entre les remparts et un plan d'eau afin d'éviter joggeurs, vélos et chiens en laisse.
A l'entrée de ce sentier, je croise un homme qui me demande si je peux rattacher mes chiens sur cette portion. J'acquiesce mais surprise, je demande pourquoi. Les chiens en liberté sont tolérés, je pensais donc qu'il se passait un événement particulier que mes chiens risquaient de perturber. Et bien non! En fait il s'avère que ce plan d'eau est le seul coin marécageux sur plusieurs kilomètres et qu'il abrite donc une faune et une flore rares, que la grosse concentration de chiens à cet endroit est en train de bousiller. Ba oui un chien dans l'eau, ça boit, ça nage, ça joue. Les crapauds et les roseaux ils aiment pas trop et en plus ça vide l'eau. Et comme il ne pleut pas (on a beau être du Nord, il arrive qu'il fasse sec), ba y'a plus de marécage.

Je discutaille un peu avec le monsieur, fort gentil et intéressant, puis continue mon chemin en promettant de faire attention. Et là, la machine était lancée. Je me sentais coupable, parce que ce marécage et ses ressources sont un bien qui appartient à tout le monde et que je contribue à dégrader. Certes mes chiens ne se baignent pas, mais ils boivent.

Réflexion qui m'a amené à me demander si avoir un chien en ville est vraiment une bonne chose. Pas par rapport aux autres humains cette fois ci mais par rapport aux chiens eux mêmes. Les balades en ville sont relativement restrictives et potentiellement stressantes, et lorsqu'on les emmène dans des coins de verdures, nous sommes encore obligés de brider leurs comportements instinctives (creuser, se baigner, chasser …), parce que l'importance de la fréquentation canine de cet espace fait que ces comportements l'abîment.

Et puis finalement, en milieu rural aussi c'est la galère, entre les zones exploitées pour l'agriculture, les réserves naturelles et les endroits où la chasse, parfois illégale, est fréquente.

Il devient compliqué de laisser nos chiens être simplement des chiens.

C'est notre droit d'avoir un chien mais le droit des chiens lui, qu'est ce qu'on en fait.

Nous exploitons tellement de surface pour l'habitation, le commerce, l'agriculture ou le loisir que les rares endroits dans lesquels nous pouvons nous promener ne peuvent pas supporter qu'on les y emmène se défouler sans contrainte. Alors même qu'ils pourraient y être utile, mon gentil naturaliste m'a par exemple dit que, par contre, si mes chiens pouvaient bouffer les rats musqués ça l'arrangerait bien. Faute de prédateurs naturels, ces nuisibles envahissent tout.

Pour résumer:
-  On a bousillé une grande partie de la nature.
- Ce qu'il en reste est tellement fragile qu'il faudrait en réalité la laisser tranquille et ne plus la fréquenter.
- En plus de ne plus avoir de travail à leur confier, de les laisser seul des heures durant, de souvent mal les comprendre, voilà que nous ne pouvons même plus offrir à nos chiens des environnements naturels pour laisser libre cours à ce qu'ils sont.

C'est nul d'être un chien dans ce monde d'humains.

Et parfois c'est même nul d'être humain.

mardi 31 mars 2015

Quand l'éducation positive devient un monde magique

Le lundi est généralement un jour difficile pour moi. Mais la semaine dernière je suis allée au bureau le coeur léger, portée par le petit miracle qui s'était déroulé dans mon salon le dimanche soir.

Régulièrement, je fais avec mes chiens des séances de Free-shapping. C'est à dire que je récompense absolument tout ce qu'ils proposent. Le but est de les aider à avoir confiance en eux et développer leur esprit d'initiative. Parfois lorsqu'ils me proposent quelque chose d'intéressant, je fais dévier l'exercice sur du shopping pour capturer ce comportement.

Flappy est un chien sûr de lui, et de moi, il a très vite compris le concept du free-shapping et si, en bon partisan du moindre effort qu'il est, il a tendance à me proposer toujours les mêmes comportements acquis, on passe toujours un bon moment ensemble.

Linux c'est une autre histoire. Il apprend très vite lorsqu'on le guide, par envie de bien faire,  mais cette même envie fait qu'il a tendance à se "bloquer" lorsqu'il doit prendre lui même ses décisions. J'avais donc l'habitude de faire avec lui des séances très courtes où je récompensais absolument tout. Y compris les mouvements non calculés comme les éternuements, les hochements de tête ou les légers levés de pattes. 

Mais le jeudi précèdent ce fameux dimanche, quelque chose à changer.


Linux, c'était le chien qui se recroquevillé chaque fois que
mon copain avait oublié de fermer les placards de la cuisine
et que je râlais.
Lors de notre séance de free-shapping, Linux a levé la patte avant gauche. J'ai cliqué/récompensé et attendu le comportement suivant. Je fus très surprise de le voir lever à nouveau la patte gauche. Après plus d'un an de courtes séances, il semblait avoir compris ce que j'attendais de lui et avoir suffisamment confiance en lui pour proposer de lui même un nouveau comportement. J'ai récompensé encore 4/5 fois ce lever de patte avant de mettre fin à la séance pour rester sur une note positif et de l'enthousiasme.




Dimanche je me suis à nouveau assise en face de mon chien pour une séance de shapping. Mon but était de conforter l'esprit d'initiative de Linux en encrant et nommant le comportement qu'il m'avait proposé, si par hasard il me le proposait à nouveau. Il n'avait rien oublié et c'est ce qu'il fit. 
J'étais heureuse, tout simplement heureuse. Pas d'avoir appris à mon chien à lever la patte mais de constater que ce petit bout, si nerveux, si peu sûr de lui, avait pris suffisamment d'assurance pour enfin ne plus craindre que je le punisse de s'être mal conduit et osait enfin prendre des initiatives.

Flap c'est une merveille, mon prodige.
Mais quand même!
Pendant ce temps Flappy attendait son tour, couché à côté de moi sur le tapis. Comme d'habitude il entra dans le jeu avec enthousiasme et gloutonnerie. Après 2/3 répétitions des "Twist" et "Recule" qu'il a l'habitude de me proposer, il leva la patte. Depuis plus de 2ans que je travaille en Free-shapping avec Flappy il ne m'a jamais, jamais, jamais absolument jamais proposé quoi que ce soit qui implique un contrôle précis des pattes avants. Pour la simple raison que sa maladie neurologique implique une très mauvaise coordination des pattes avants et que les lever lui demande un gros effort (il n'y a qu'à voir l'état de ses griffes). Mais voilà il nous avait observé et en avait déduit que ce comportement valait une récompense.
J'ai été littéralement bluffée par les capacités de déduction de mon chien. Il m'a regardé récompenser 10 ou 15 levés de pattes de Linux et a compris que c'était un comportement souhaité, tout en restant concentré sur ce que j'attendais de lui à ce moment là: rester calmement à côté de moi. Et, bien que ce soit un acte compliqué pour lui, il a choisi de répéter ce comportement parce qu'il pensait que c'était ce que j'attendais et ce qui lui rapporterait le plus. Je vous prie de croire que je ne l'ai pas déçu.




Depuis Linux et Flappy ont appris un nouveau tour: Up. Et je crois que c'est mon préféré.
Si différents mais qui se comprennent si bien.



vendredi 2 janvier 2015

Vécu N°1: Ma terreur de chien réactif

Je me suis rarement autant creusé la tête, dans ma vie avec mes chiens, que lorsque j'ai été confrontée aux problèmes de comportement de mon cavalier vis à vis de ses congénères. Entre l'identification du problème et le retour à une attitude calme, un an s'est écoulé. En partie parce que j'ai mis du temps à m'en préoccuper, en partie parce que je lâchais des fois l'affaire, en partie parce qu'à chaque dégradation de son état de santé on reculait et en grosse partie parce que c'est un problème complexe.

Vu le temps, la sueur et les larmes que m'a couté ce problème, je me suis décidée à partager cette expérience. En effet, même si une solution n'est jamais transposable d'un chien à l'autre, j'ai puisé dans chacune de mes lectures, dans toutes les expériences qu'on m'a conté pour créer ma solution à moi. Notre chemin pourra peut être aider certains à passer un nouveau cap, à mieux cerner les causes de leur problème ou à essayer une nouvelle méthode. Force est de constater que nous sommes nombreux à avoir des chiens réactifs vis à vis de leurs congénères, autant s'épauler et essayer de se sentir moins seul. Parce qu'une chose est sûre: avoir un chien réactif c'est difficile moralement et socialement.


Commencons par planter le décor. J'ai eu Flap a 3 mois, et il faut avouer que les contacts avec les autres chiens ont été plutôt rares pendant 2 ans. Tout simplement parce que j'étais absolument novice et ne savais pas à quel point c'était important, je ne cherchais donc pas spécialement à le mettre en contact avec ses congénères, et personne dans mon entourage n'ayant de chiens, il se contentait d'en croiser quelques uns, plus ou moins longtemps en promenade. Pendant un an toutefois, il est resté très sociable et avenant, en bon cavalier qu'il est, avec ses copains chiens. Les choses ont changé par la suite lorsqu'il est tombé malade, étant diminué physiquement, il était sur la réserve, préférant fuir le contact.

Un cavalier réactif,
ça surprend!
Il a utilisé cette stratégie de l'évitement et de l'apaisement pendant plus d'un an. A partir de ses deux ans,  nous avons fréquenté un club canin et il n'y avait aucun problème. Il ignorait les chiens qu'il ne faisait que croiser et interagissait avec ceux qu'il côtoyait chaque semaine, allant même jusqu'à jouer avec certains. Et puis un jour un berger australien a rejoint mon cours d'obérytmée, un magnifique rouge tricolore… Totalement obsédé par Flappy. Mon chien, comme à son habitude, a tenté de repousser les avances de l'aussie en s'écartant et en envoyant des signaux d'apaisement, mais rien à faire il était bel et bien accro! Retrospectivement je me dis que j'aurais dû intervenir et écarter le harceleur. Mais je n'y ai pas pensé et ma mono ne m'a pas non plus aiguillé dans ce sens. Au bout d'un moment, Flappy en a eu marre et a changé de tactique et est passé à l'offensive: il lui a aboyé dessus comme un malade, dans une position signifiant clairement "Va t'en ou ça va barder pour ton matricule". Et là miracle!L'australien a reculé. Mon chien a alors appris que menacer fonctionnait mieux que se faire tout petit pour échapper aux interactions qu'il ne voulait pas. Et c'est là qu'ont commencé les ennuis.

Je suis restée un temps perplexe devant le comportement de mon chien. Lui qui n'aboyait jamais c'était mis à vociférer lors des rencontres canines. Toutefois il se calmait assez vite, avait accepté sans aucun problème le chiot que j'avais en FA puis Linux lorsque je l'ai adopté. Puis je me suis concentrée lors des balades à l'éducation de Linux plutôt qu'à la rééducation de Flappy. Bref j'ai laissé courir, le comportement s'est renforcé au fil du temps.

Je ne saurais pas dire quel a été l'élément qui m'a fait dire "C'est bon, y en marre". Toujours est il qu'un jour j'ai décidé que ce n'était plus possible. C'est vrai que je n'avais aucune difficulté à le retenir, il ne représentait pas réellement un danger mais ça le stressait beaucoup, ça stressait Linux également et moi bien sûr. Et puis le regard que porte sur vous les gens qui vous croisent avec un cavalier hystérique est assez… Désagréable, condescendant voir hostile. Je me sentais toujours coupable à la fin.

Alors j'ai commencé à me documenter et à mettre en place mon plan d'action. L'idée était de lui apprendre à se fixer sur moi au passage d'un chien, au départ à distance puis en restant de plus en plus proche. Lorsque je voyais arriver un chien, je rappelais les miens, rattachais, m'éloignais et leur demandais un Look. Jusqu'à une certaine distance, les progrès ont été très rapides ce qui a permis d'apaiser un peu la situation. Mais dès qu'on devait resté trop près, parce que la géographie de l'endroit ne me permettait pas de m'éloigner beaucoup ou parce que je n'avais pas pu anticiper assez, c'était le zouk. Flap sortait de ses gonds, tirait, aboyait et bien sûr Linux suivait. Je serais les dents, j'attendais que ça passe et je bouillonnais.

On est alors passé à l'étape supérieure, mon copain a commencé à les sortir avec moi dès qu'il le pouvait et il s'est occupé de Linux lors des croisements. C'est devenu plus simple pour moi, je pouvais récompenser au bout moment, rectifier dès qu'il commençait à être distrait. On pouvait maintenant leur demander une marche au pied tout en gardant le contact visuel et ça passait... Jusqu'à une certaine distance encore.

Même au plus bas de son seuil de tolérance, il était resté sociable vis à vis des chiens qu'il avait le temps d'apprendre à connaître.
Cela faisait déjà un moment qu'on travaillait là dessus, bien sûr il y avait eu beaucoup de progrès mais on ne parvenait pas à dépasser le dernier stade, on était bloqué. Et ça me bouffait. J'avais un réel sentiment d'échec, je ne comprenais pas où était le problème.

Et puis j'ai changé d'optique. Ce que j'avais appris à mon chien jusque là, c'est faire abstraction de ce qui le dérange, le met mal à l'aise. Si j'avais changé son comportement vis à vis de ce stimulus, je n'avais par contre pas changé son état émotionnel. Qu'il se déclenche ou non, il était stressé lors des rencontres avec ses congénères. J'ai donc mis en place un nouveau plan: Plutôt que de lui demander de se détourner de ce qui le dérange, je lui demandais juste de rester calme. A vrai dire je ne lui demandais même pas, tant qu'il restait calme, je félicitais. J'ai également sorti mon clicker en balade, le rendant plus acteur de sa rééducation. Le rythme du click/récompense était élevé et ça le motivait à chercher à obtenir le click à nouveau. Bien sûr il a fallut du temps pour pouvoir réellement croiser un chien sur un trottoir, c'est resté difficile pendant un moment lorsque j'étais seule avec mes 2 chiens mais aujourd'hui je n'ai plus d'appréhension lorsque je les sors. Le travail sur le changement de comportement fait au départ m'a beaucoup aidé dans cette seconde phase, mais c'est en l'aidant à changer son état émotionnel que j'ai vraiment permis à mon chien de rester serein. Au fur et à mesure, il n'a plus perçu l'approche de ses congénères comme une menace, mais plutôt comme une opportunité d'être récompensée.

Ensuite, j'ai pu les laisser libre lors des rencontres avec d'autres chiens détachés. J'ai la chance d'avoir un second chien très équilibré avec ses congénères, je laissais Linux gérer de son côté pour me concentrer pour Flappy. Je récompensais le calme par des caresses, il ne fallait mieux pas sortir de la nourriture dans ce contexte, et si il souhaitait que l'autre chien le laisse mais que celui ci insistait, je m'interposais doucement entre les deux. C'est toujours ce que je fais aujourd'hui. Il aboie encore parfois, mais sans se mettre dans en état de stress et décroche très facilement.

Flap sera toujours mon trésor
et mon meilleur prof
C'est un travail long (les rechutes ont été nombreuses, à cause de mes erreurs, de rencontres avec des chiens malpolis ou de mauvaises anticipations, mais chaque fois nous avons rebondis et appris), parfois ingrat mais il est réellement important. J'aurais pu ne jamais intervenir, le physique de mon chien me permet de le contrôler facilement. Mais je suis heureuse d'avoir entreprit ce périple. Cela m'a appris beaucoup de choses, ça nous a rapproché mais surtout, ça a eu des répercussions positives sur l'ensemble de notre vie. Nous sommes tous plus zens aujourd'hui, et lui comme moi nous faisons plus confiance. Il a appris qu'il n'avait pas besoin de monter sur ses grands chevaux pour éviter un contact qu'il ne souhaitait pas, qu'il était plus efficace et plus intéressant pour lui de rester calme et que, en dernier recours, il n'avait qu'à se placer derrière mes jambes ou celles de mon copain pour être tranquille.

Il y a environ un mois, j'ai suivi un stage chiens réactifs donné par Fanny. Je n'arrivais pas à débloquer la dernière étape, il se déclenchait toujours dans la rue et parfois sans que je ne sache trop pourquoi. Et finalement, la solution était juste là, sous mon nez mais il a fallu qu'elle me le montre. Elle l'a regardé se déclencher et m'a dit "Tu vois, il aboie et hop il te jette un coup d'oeil avant de poursuivre". En fait c'est mon anticipation de sa réaction qui le faisait aboyer. Il a suffit que cesse de m'occuper de lui lors des croisements pour en terminer totalement avec ce problème. Il aboie encore sur les autres chiens, mais plus par principe, avant toute interaction. Maintenant ses réactions sont justifiées par le comportement du chien d'en face. Bref, il a réapprit à parler chien.

Voilà pour la petite histoire de comment j'ai appris à mon chien à ne plus agresser ses congénères sans collier coercitif.