Autant je ne suis pas fada de
Facebook pour « ma vie à moi », autant pour ce qui est des chiens j’adore.
J’ai découvert pas mal de choses en rebondissant de conversations en
conversations, trouvé des contacts très intéressants et beaucoup. Mais parfois
on tombe sur des aberrations qui vous font bondir, des litanies de bêtises ou
juste des questions dont on ne comprend même pas le fondement.
Il y a un débat, qui revient
souvent sur les posts qui traitent d’éducation positive (et notamment publié
par des éducateurs positifs), et qui pourrait se résumer à cela :
Educateurs, que vous soyez traditionnels ou positifs, ne vous faites pas la
guerre, vous vous battez pour la même cause.
C’est un secret de polichinelle
que éducateurs traditionnels et positifs ne s’entendent pas et partent
régulièrement en croisade les uns contre les autres : Les « tortionnaires
en mal d’égo » contre les « bisounours distributeurs de bonbons ».
Et si tout le monde a bien pu
constater leur désamour, beaucoup ne comprennent pas pourquoi, parce que
beaucoup pensent que ce qui compte c’est la fin et non les moyens. Mais c’est
faux ! Ce que tous ceux qui travaillent en renforcement positif, qu’ils
soient professionnels ou simples propriétaires, reprochent à ceux qui
pratiquent les « bonnes vieilles méthodes » ce n’est pas de réussir à
obtenir une marche au pied sans passer par la case croquette. Ce qu’ils leur
reprochent c’est de rester cantonner dans une méthodologie archaïque, basée sur
des faits erronés et non respectueuse de l’intégrité physique du chien, et pire
de la diffuser.
Lorsque vous présentez un chien à
un éducateur traditionnel, il va y voir un animal auquel il faut apprendre qui
domine et quelles sont les règles en sanctionnant ce qu’il ne veut pas voir.
Lorsque vous présentez un chien à
un éducateur positif, il va y voir un compagnon auquel il faut expliquer ce qu’on
attend de lui en récompensant les bons comportements.
Ce sont 2 visions qui n’ont rien
à voir sinon leur sujet.
Lorsque j’ai eu Flappy il y a
3ans, j’ai bien fait des recherches pour savoir comment l’éduquer. Et si on a
progressé aujourd’hui, à l’époque, quand vous ne saviez pas où chercher vous
tombiez par défaut sur des méthodes d’éducation traditionnelle. Méthodes qui ne
me convenaient pas et que j’ai rejetées, choix que je n’ai jamais regretté derrière.
Je vais vous exposer en 5 point pourquoi la fin ne justifie pas les moyens, pourquoi
le traditionnel est une mauvaise idée.
Flappy, chien réactif congénère, travaillé au clicker |
C’est une souffrance pour vous
De nos jours, rien ne nous oblige
à avoir un chien. A moins que vous ne soyez aveugle, berger ou policier, vous n’avez
pas besoin d’un chien. Vous en avez envie. Ce chien qui a rejoint votre foyer,
qui partage votre maison et votre vie et que vous aimez, voilà qu’on vous dit
que pour l’éduquer il faudra le contraindre. La forme de la contrainte varie
suivant la personne qui vous conseille mais elle est toujours là : on
appuie sur la croupe pour faire assoir, on donne des coups de sonnettes pour l’avoir
au pied, on claque la porte au museau pour qu’il ne nous passe pas devant etc.
Votre chien va avoir peur, va être irrité, va avoir mal même parfois et vous
allez le voir. Je ne sais pas vous mais moi je n’ai pas voulu essayer. J’ai
pris un chien par choix, pour partager des choses avec lui, pour en faire mon
complice et non pas pour obtenir des choses de lui en l’intimidant ou le
maltraitant. Peu importe qu’on me cite par centaines le nombre de chiens
éduqués de la sorte par des grands noms qui filent aujourd’hui au doigt et à la
baguette, je ne veux pas de ça dans ma relation avec mon chien. Quand il a mal,
quand il est mal, j’ai mal.
Cette méthode est basée sur de fausses conclusions.
Le nerf de la guerre de l’éducation
traditionnelle c’est la dominance. Pour faire simple il vous faut recréer le
fonctionnement d’une meute de chiens, établi à partir du fonctionnement d’une
meute de loups, au sein de votre famille et l’alpha se doit être vous. Vous
devez donc avoir le total contrôle des ressources, manger en premier, passer
les portes en premier, ne partager ni votre lit ni votre canapé et pouvoir
soumettre votre chien quand bon vous semble.
Je ne vais pas détailler ici
pourquoi la dominance inter espèce n’existe pas, je vais juste le décréter :
il n’y a pas de relation de dominance entre un Homme et son chien, à partir de
là, plus rien ne tient debout dans cette méthode d’éducation. Je reviendrais
plus tard sur le sujet, études scientifiques à l’appui (faut que je retrouve
les sources :p). Et pour enfoncer le clou un chien n’est pas un loup et
les meutes de loups ne fonctionnent pas de façon aussi simpliste que cela. Mais
j’y reviendrais, j’y reviendrais.
La frontière est ténue entre la contrainte éducative et la
maltraitance.
Comme je le disais plus haut, en
méthode traditionnelle, l’obéissance du chien est obtenue par la réprimande des
comportements indésirables. On file une claque sur le nez du chien qui s’approche
trop des biscuits apéros, on donne un coup sec sur la laisse de celui qui aboie
au passage de ses congénères ou on ramène violemment le chien qui tire à sa
place. Si ces comportements ne justifient pas qu’on vous lapide sur la place
publique, il n’est pour autant pas normal qu’on les encourage. Aussi infime
soit la douleur, elle reste un inconfort. Imaginez que vous ayez faim, qu’on
mette un plateau débordant de bonnes choses et qu’on vous donne une claque sur
la tête chaque fois que vous tentez la main pour en saisir une. Ca ne fait pas
vraiment mal mais c’est déplaisant, et cet inconfort s’ajoute à celui de ne pas
pouvoir obéir à son instinct. C’est une violence qui devient ordinaire.
Et à partir du moment où on
laisse la violence s’installer dans notre quotidien, comment lui poser une
limite, quand décider de quand on va trop loin. Est-ce qu’on va trop loin quand
on file une grande claque à son chien parce qu’il a aboyé sur l’enfant qui lui
foncait dessus à vélo ? Est-ce qu’on va trop loin quand on flanque son
pied dans le flan du chien qui refuse de s’assoir au bord de ce parcours hippique ?
Est-ce qu’on va trop loin lorsqu’on pend son chien au bout de sa laisse parce
qu’il a niaké le petit yorkshire venu le renifler d’un peu trop près ?
C’est parce que la violence
ordinaire est tolérée qu’on se retrouve avec des cas comme celui d’Ikhâm.
Vous encadrez plus que vous n’éduquez
Le principe est de condamner les
mauvais comportements afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent. Au premier abord
cela peut sembler logique. Si je crie sur mon chien et que je le secoue par la
peau du cou il ne va plus vouloir le refaire. Possible… Mais pourquoi fait il
ça au départ et que va-t-il faire à la place ? En punissant et
réprimandant votre chien vous ne lui enseignez pas ce que vous voudriez qu’il
fasse, juste ce qu’il n’a pas le droit de faire. Encore faut il qu’il ait fait
le rapprochement entre son acte et le vôtre.
Sans compter, que certes il est
possible d’obtenir par cette méthode un chien qui s’assoit à la demande et
marche au pied, mais je serais curieuse de savoir comment j’aurais pu sans
shapping apprendre à mon chien à fermer les portes à ma place.
La contre productivité n’est pas loin
Un chien ne raisonne pas comme
nous et ne va pas forcément comprendre pourquoi on le puni ni même que ce que
nous sommes en train de lui faire est une punition. Nous risquons de brouiller
les signaux et aggraver la situation.
Prenons l’exemple du chien
réactif en laisse. Chaque fois que vous croisez un autre chien, le vôtre entre
en furie, tire et aboie. Votre réaction est de donner un coup sec sur son
collier étrangleur en lui disant « Tu laisses ». Qu’est ce qui vous
dit que le raisonnement de votre chien va être le suivant : Je vois un
chien – je ne veux pas qu’il m’approche/ je veux me battre – on me donne un
coup au cou parce qu’on ne veut pas que je fasse ça – je vais arrêter pour ne
plus avoir de cou. Je pense plutôt que dans sa tête c’est ça : je vois un
chien – je ne veux pas qu’il m’approche/ je veux me battre – j’ai mal – je vais
essayer plus fort de le faire fuir/ de le battre pour ne plus avoir mal. Le
chien va associer le fait de croiser un congénère à une douleur. Si il y a déjà
un problème au départ, ça ne risque pas de l’arranger.
Linux, peur des hommes, désensibilisé en R+ |
On pourrait trouver bien d’autres
points j’en suis sûre mais je pense que les arguments présents devraient vous
suffire à choisir de ne pas adopter cette méthode. Qui, pour résumer, est
déplaisante pour vous, scientifiquement infondée, douloureuse et dangereuse
pour lui, limitée dans ses applications et confuses dans ses enseignements.
A la place, vous pouvez choisir
une méthode amicale, basée sur des observations éthologiques, agréable pour lui
et pour vous, sans limite d’applications et extrêmement précise dans ce qu’elle
encourage et enseigne. La méthode du renforcement positif.