vendredi 22 janvier 2016

1% de chance, 99% de boulot!

J'ai longtemps hésité à écrire cet article, parce que je ne savais pas comment le rédiger sans me donner un air de prétentieuse ou de donneuse de leçon. Je ne suis pas sûre d'avoir trouvé le ton, mais le sujet me tient à coeur alors...

Régulièrement, des amis viennent chez moi, discuter autour d'une bière ou manger une pizza. Aucun de mes amis n'a de chiens, et leur réaction en général vis à vis des miens est la suivante "Tu as de la chance qu'ils soient si sages, j'en prendrais bien un comme ça moi aussi".
Parce que mes chiens ne quémandent pas lorsqu'on mange, ne harcèlent pas les invités pour avoir des câlins ou jouer et ne viennent pas non plus squatter les genoux à moins qu'on les y invite.
Alors oui ils sont sages, MAIS:
- Dans ce contexte. Il y a certaines situations où ils se font bien plus remarqués, par exemple ils saluent toujours de manière assez bruyantes les chiens de mes voisins -_- (z'ont du mal avec le concept de parties communes)
- Il n'y a pas de magie, pas de chance là dedans, si ils sont "sages" c'est parce qu'ils ont été éduqués pour ça. Certes ce sont à la base des chiens assez adaptés à ce type de situation, mais ça n'empêche pas qu'il y a du travail derrière. Et par ailleurs cela souligne l'importance de choisir son chien en fonction de son mode de vie.

Une cohabitation réussie tient en 3 mots: Sélection, Adaptation et Education. Les 3 s'entremêlent et tous ont de l'importance.

Sélection.


Qu'il s'agisse de l'adoption d'un chien adulte dans une refuge ou de l'achat d'un chiot de race en élevage, la dynamique est la même: choisissez un chien qui vous convient.
Bien sûr je pense au besoin d'activité physique et mentale, au gabarit, aux aptitudes/instincts. Mais je pense aussi à tout ce qui est lié au comportemental et émotionnel.
Chien de compagnie pratiquant un sport canin,
et non pas chien de sport cantonné majoritairement
à un rôle de compagnon.
Dans le cas de l'achat d'un chiot, visitez l'élevage, rencontrez la mère, discutez avec l'éleveur du travail de socialisation/sociabilisation qui est fait. Et plutôt qu'arrêtez votre choix sur le physique/ le sexe du chiot, faites vous guidez pour choisir celui dont le tempérament correspond le mieux à ce que vous souhaitez. Globalement, lorsqu'il s'agit de l'achat d'un chiot, si vous choisissez une race qui vous convient et un bon élevage, a priori c'est un bon départ.
C'est plus compliqué lorsqu'il s'agit d'une adoption (asso/refuge/chien trouvé etc) parce que l'affect prend une place prépondérante dans la décision. Or cela peut mener à de jolis désastres. L'enfer est pavé de bonnes intentions n'est ce pas?
Pour prendre un exemple concret, lorsque j'ai adopté Linux, je suis allée à la LPA de Roubaix. Pour faire mon choix, j'ai dû passer devant TOUTES les cages. Et parmi celles ci, il y en avait une avec un chiot de type Sharpei. Noir, déjà plus de 6 mois, complétement flippé, qui fuyait au fond de cage et montrait les dents. Bref, le profil type de ceux qui restent très longtemps au refuge... Bien sûr sa peur et son histoire me touchaient, bien sûr j'ai eu envie de le "sauver" de cette misère. Mais ça aurait été une erreur et je n'aurais finalement fait de bien à personne. Son gabarit en faisait un danger pour Flappy, déjà tout pourri à l'époque, je n'avais ni les compétences ni les conditions de vie pour faire sa réadaptation/ rééducation. J'ai donc adopté Linux, un gabarit idéal, un caractère avenant et un potentiel de sport. Bref le chien qui me convenait.
Il n'y a pas de hiérarchie dans les bonnes actions, vous n'êtes pas une meilleure personne parce que vous sortez tel chien de la fourrière plutôt que tel autre.


Lorsque vous faites le choix du compagnon qui va partager votre vie, vous devez rester rationnel, avoir des critères objectifs et avoir conscience de vos limites.

Si mes chiens sont sages lorsque des gens viennent à la maison, c'est en partie parce que ce sont des races de compagnie, des chiens conçus pour apprécier d'être au contact d'humains sans forcément être en interaction avec eux.

Adaptation


Très rares sont les personnes dont le mode de vie n'aura pas à être chamboulé lors de l'arrivée du chien.
Si vous voulez que votre chien soit calme lorsque vous en avez besoin, il faut qu'il le puisse. C'est à dire qu'il faut qu'il ait une activité suffisante et un espace où se reposer.
L’aménagement du salon est bien la modification la plus simple, le vrai défi réside dans le fait de dégager des heures de libres dans nos emplois du temps souvent surchargés afin de s'occuper du chien. Un chien qui s'ennuie, s'occupe, et pas forcément comme vous le souhaitez. C'est comme ça qu'on se retrouve avec des chiens qui mangent les meubles ou aboient pendant qu'on travaille. Un chien qui n'est pas assez stimulé risque de monter en excitation chaque fois qu'un stimuli survient, et donc également quand vous recevez et que vous aimeriez bien du calme.

Si mes chiens sont sages lorsque des gens viennent à la maison, c'est parce que je m'arrange pour qu'ils soient fatigués à leur arrivée! J'ai réalisé 2 graphiques représentant la composition des journées de mes chiens. (Canissimo en a réalisé pour leurs chiens de sport)
En moyenne, je m'en  occupe de façon active 3 heures/jour. Ce n'est pas parfait, je pense que 30 min de plus serait l'idéal pour eux, mais c'est suffisant.


















Mes chiens sont adultes et avec moi depuis des années, je passe donc le plus clair de mon temps avec eux à balader ou à les préparer sportivement parlant. L'éducation pure se résume aujourd'hui au travail en ville: ne pas descendre seul du trottoir, se pousser pour laisser passer etc... Il est évident qu'avant cela représentait un temps bien plus conséquent.


 

 

Education


Les bonnes manières humaines ne sont innées chez le chien. Le chien lui, il s'en fout d'être poli ou courtois, ce qu'il veut c'est "se mettre bien". Si améliorer son confort l'amène à faire quelque chose qui ne vous convient pas, il vous appartient de lui apprendre quoi faire à la place et de l'amener à préférer votre alternative à son idée première.

Dans le contexte d'un dîner entre amis il va donc demander de la bouffe à table parce que "le manger c'est bon" et qu'il n'a rien de mieux à faire pendant que vous mangez de toute façon, il va probablement sauter sur vos invités pour les accueillir parce que "les humains c'est chouette, ça fait des grattes" et tout sorte de choses que vous, vous n'allez pas aimer.

Si mes chiens sont sages lorsque des gens viennent à la maison, c'est parce qu'ils ont appris à l'être.
Ils savent que la bonne manière de saluer est d'attendre sur le tapis qu'on leur dise d'y aller (ou pas d'ailleurs, mais on compense cette frustration avec des bonbecs), ils savent que leur meilleure chance d'avoir un bout de notre assiette et de se coucher sur le tapis, et ils savent que les z'humains ne sont pas là pour jouer avec eux.

Donner de bonnes habitudes à son chien n'est jamais aussi dur que lorsque cela fait intervenir d'autres humains. Parce que vos invités vont le trouver trop chou et lui filer des bouts de chips, faire le dingue avec lui parce qu'il est marrant, et un humain c'est extrêmement têtu, donc accrochez vous pour faire respecter l'intégralité de vos consignes.


Bref, pour conclure mon habituel pavé, gardez en tête que dans les belles histoires chiens/humains, il y a certes un paramètre chance mais il y a surtout beaucoup d'usage de matière grise. Une belle histoire, c'est avant tout une réflexion permanente. A l'acquisition, pour choisir celui qui sera le plus heureux chez nous (et qui par conséquence nous rendra le plus heureux). Dans la vie quotidienne, pour réussir à combiner le mieux possible ses besoins de chiens et les impératifs de la vie avec des humains. Régulièrement, pour travailler tous les petits problèmes, les petits défauts qui vous empêche d'apprécier chaque moment de la vie ensemble.
Et gardez en tête qu'aucun chien n'est parfait, dans l'absolu ou pour tout le monde.