jeudi 30 mars 2017

Ne pas mettre la charrue avant les boeufs

Dans le monde du chien, il y a tout un tas de petits débats qui agitent les têtes et les doigts sur les claviers. 
Parmi ceux là en ce moment, il y a le débat sur l'apprentissage de tricks au chiot. Est ce que c'est bien, est ce que c'est mal? Et à partir de quand cela devient bien ou mal? Comme souvent, cela s'écharpe un peu dans tous les coins et il est parfois difficile d'extraire les commentaires pertinents, fondés et argumentés de la mêlée.

A partir du moment où l'intégrité physique du chiot n'est pas en jeu, les tricks sont très intéressants. Ils offrent une activité, ils permettent d'apprendre à apprendre, de travailler sur la gestion de la frustration et de l'excitation, peuvent développer la motricité, la confiance entre l'humain et son chien, comme le lien qui existe entre eux et leur capacité à se comprendre. Et parfois même ils préparent l'avenir (c'est souvent le cas pour les chiens dits de sport).



Mais, il y a un gros mais, rien ne sert de courir; il faut partir à point, comme dit le proverbe.
Plus que d'avoir un chien capable de restituer tout un tas de tricks, ce qui compte c'est d'avoir un chien à l'aise dans sa vie de tous les jours. C'est bien d'avoir une belle marche au pied, mais si le chien panique dès qu'un véhicule passe, elle ne servira à rien. C'est bien d'avoir un chien qui s'éclate à faire des twists, mais il ne peut pas s'amuser en balade parce qu'il aboie sur toutes les personnes qui passent (pour jouer ou pour faire fuir, au choix), c'est quand même bien triste.

A mon sens, la priorité que nous devons avoir lorsque nous accueillons un chiot, c'est de l'aider à devenir un adulte stable.
J'entends par adulte stable, un chien qui ne réagit pas de façon excessive face à des stimuli usuels. C'est à dire un chien qui ne bondit pas au bout de sa laisse dès qu'il croise un congénère, qui n'aboie pas comme une furie après tous les véhicules qui passent, qui ne se ratatine pas sur lui même dès qu'un bruit claque trop fort.

Alors oui bien sûr, le travail de socialisation du chiot à ses congénères et de familiarisation avec son environnement n'est pas incompatible avec l'apprentissage de tricks dans l'absolu. Mais ils sont en conflit pour l'utilisation de deux ressources:
  • Le temps 
Le temps que vous consacrez à l'apprentissage de tricks est un temps que vous ne pouvez pas l'utiliser pour autre chose, c'est mathématique.
Et même si vous avez beaucoup de temps à consacrer à votre chiot il vous faudra veiller à ce qu'il est un temps de sommeil suffisant. Un manque de sommeil diminue l'attention, la concentration, la dextérité et nuit également à la bonne intégration des apprentissages.
  • Les capacités cognitives
Découvrir fatigue énormément mentalement, il faut savoir respecter les capacités de concentration et d'adaptation du jeune chien et ne pas trop lui en demander sur une même journée.

J'ai toujours eu du mal à créer des plannings de travail mais dans le cas d'un chiot, il me semble important de mettre de la structure, même si cela n'a pas à être académique et rébarbatif.
Il est intéressant d'identifier ce qui pose problème à notre chiot, ce que nous voulons (ou devons) lui faire découvrir, et d'établir un programme de travail par lequel nous allons l'aider à surmonter ses craintes, se faire des premières expériences positives et se construire une confiance en lui et en nous.
On le sait, la fenêtre de tir la plus favorable pour faire découvrir le monde à notre chiot se situe entre 8 et 16 semaines. Cela passe vite, très vite, d'où l'intérêt d'être ordonné. 
Et même passé cet âge, il est important de continuer à veiller à lui offrir des interactions positives avec son environnement. La plasticité de son cerveau n'est plus la même mais ce sont ces premières expériences qui vont constituer l'historique sur lequel il va se baser pour juger de quel comportement adopter face aux stimuli qui se présenteront à lui.

 En somme, commencez par construire un individu confiant, en lui donnant les moyens de comprendre, connaître et maîtriser son environnement par une exposition contrôlée, mesurée et positive aux stimuli de sa vie quotidienne.  

Les tricks oui, mais en plus (et pas trop de plus) et pas à la place. 

Finalement ce problème ne se pose t il pas que parce que l'exposition sur les réseaux sociaux pousse à la fuite en avant? Sans doute que si...



mardi 10 janvier 2017

La clé est dans la finalité

Non, je ne suis pas en train de retourner ma veste et de vous dire que la fin justifie les moyens, et que si un collier étrangleur vous permet d'avoir un chien qui ne tire pas en laisse, ainsi soit il. Pas du tout, jamais je ne justifierai un acte de violence, si petit soit il, quelle soit morale ou physique. Le propos ici est le suivant: l'explication d'un comportement est toujours dans sa finalité (réelle ou prévue), chez eux comme chez nous.

Comme ils ne nous parlent pas et que nous pouvons seulement supposer ce qu'il se passe dans leurs petites têtes poilues, le seul élément tangible qui nous permet d'apprécier ce que veulent nos chiens, c'est d'identifier la finalité de leur comportement: pourquoi agit il ainsi, quel est le but?
Parfois il s'agit simplement de se faire plaisir à un moment donné, face à un stimulus providentiel, comme lorsqu'il englouti un Choco BN qu'un enfant a laissé tomber sur le trottoir. Parfois il s'agit de satisfaire un besoin essentiel à son équilibre physique et psychologique, comme lorsqu'il aboie de façon agressive sur l'homme qui lui semble mettre en danger son intégrité (chiens réactifs, bien le bonjour).

Lorsqu'un comportement pose problème, il est essentiel de déterminer quelle est sa fonction avant d'envisager une action quelconque.

Suivant la situation vous aurez deux possibilités: proposer, encourager et conforter un autre comportement qui servira la même finalité ou proposer, encourager et conforter un autre comportement qui n'aura pas la même conséquence, en gardant à l'esprit que le besoin qui n'est pas satisfait maintenant, devra l'être plus tard. Je peux apprendre à mon chien à s'assoir devant la baie vitrée pour avoir accès au jardin plutôt que de mettre les pattes sur les fenêtres. Je peux exiger de mon chien une marche au pied jusqu'à la boulangerie si je lui permet d'avoir un comportement exploratoire lors d'une autre sortie.

Ne pas répondre à un besoin d'un chien cause toujours problème, soit parce qu'il finira par le satisfaire d'une façon qui vous déplaira très franchement, soit parce qu'il compensera ce stress par des stéréotypies, des léchages, d'autres comportements gênants etc. Un comportement n'est jamais présent par hasard, on ne peut pas simplement l'annuler. La fonction du comportement doit toujours être remplie, si ce n'est pas par lui, alors par un autre. Je ne peux pas exiger de mon chien qu'il ne mâchouille plus, mais je peux lui demander de réserver cette activité aux bois de cerfs, Kongs et nerfs de boeuf. 

Etant donné que nous sommes les gardiens de nos chiens et très franchement les maîtres de leur vie, les troubles du comportement sont toujours liés à l'environnement que nous leur offrons, la vie que nous leur faisons mener, aux interactions que nous avons avec eux.

Et tout comme pour les chiens, nos comportements servent une finalité. Quelle est la finalité que nous recherchons lorsque nous faisons entrer un chien dans notre vie?

Vivre avec un chien est contraignant par bien des aspects: sorties tous les jours, par tous les temps, organisation pour les vacances ou les week ends, budget à prévoir etc. Le motif de cette adoption est donc important à cerner, pour se lancer dans cette aventure, il doit être puissant.

Nous devrions tous nous demander " Mes motivations à avoir un chien sont elles compatibles avec le bien être de l'individu qui partage ma vie?"

Les propriétaires de chiens évoquent l'amour des animaux, la compagnie, le plaisir de s'en occuper, mais ceux sont des motivations vagues, des cases dans un questionnaire pour obtenir des statistiques exploitables. Si on y réfléchit vraiment, nos raisons sont toujours plus précises, personnelles et complexes. Et toutes, potentiellement, peuvent causer du tort à notre chien, ou à notre relation avec lui.

Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser qu'il n'y a pas de raison plus noble, plus juste de vouloir vivre avec un chien (enfin évidemment il y a de mauvaises raisons, prendre un chihuahua pour imiter Paris Hilton est une très mauvaise raison). Il est important de rester honnête vis à vis de nous mêmes et d'accepter nos motivations telles quelles sont vraiment. Notre point de vue évoluera peut être, très certainement même, au cours du temps, mais aujourd'hui, à cet instant T, rien ne sert d'essayer de se changer. Pour cerner au mieux nos manquements et dérapages possibles, nous devons connaître au mieux ce qui nous anime.

Quelqu'un qui aura pris un chien pour avoir une présence à la maison négligera peut être le besoin de stimulation de son animal. Quelqu'un qui aura pris un chien pour offrir un partenaire de jeu à ses enfants oubliera peut être de leur apprendre à respecter ses périodes de tranquillité. Quelqu'un qui aura pris un chien pour aller à la Crufts d'agility mettra peut être trop de pression sur ce chien.

Autant de motivations que d'individus, autant de biais que de relations.
Le lien Homme-animal relève du passionnel, nos motivations sont très liées à nos émotions, à des dimensions psychologiques. Au delà des conséquences possibles de nos erreurs de jugement sur nos chiens, que se passera t il si leur comportement, voire leur personnalité, est en désaccord avec nos motivations? Parfois difficile de rester calme et rationnel lorsqu'on est heurté dans ce qui nous anime profondément.

J'ai des chiens parce que j'aime interagir avec eux. Dans des moments aussi simples qu'un câlin devant un film ou qu'une balade dans la forêt bien sûr, mais aussi et surtout, je suis une grande adepte de sports canins. Et ce désir d'interaction, si il a ses bons côtés (mes chiens ne s'ennuient pas) et aussi porteur d'un risque: si mon chien refuse d'interagir avec moi, quelle sera ma réaction? Dans mes débuts j'ai été injuste. J'ai déjà isolé Flappy parce qu'il refusait de travailler avec moi lors d'un cours d'obérythmée (sur les conseils de mon instructrice - et c'est un conseil largement répandu). A un moment j'ai cessé de tenter des choses avec Linux parce que sa crispation me frustrait.
Aujourd'hui j'ai grandi, j'ai appris et lorsque mes chiens me disent non, je m'arrête et je me pose des questions. Ma demande a t elle été comprise? Etait elle juste? Etait elle réalisable? Quid de l'environnement, de l’entrainement, de la journée qu'ils sont en train de passer.
La frustration n'a pas disparu. Ces moments m'apportent toujours autant, je les attends toujours autant. Mais comme je me suis un jour forcée à la gérer autrement que comme mes nerfs me le dictaient et j'ai pris du recul. D'abord j'ai couru, pas mal (j'avais beaucoup de frustration a évacuer), puis je me suis questionnée. Aujourd'hui j'évite de me mettre en difficulté en choisissant judicieusement les moments où je travaille avec mes chiens. J'ai plus de compétences qu'à une certaine époque, je me retrouve donc beaucoup plus rarement face à un mur mais cela me touche toujours autant.




Soyez conscients de qui vous êtes, soyez bienveillants avec vous même, c'est essentiel lorsque l'on a un tel impact sur la vie d'autrui.

mercredi 7 décembre 2016

Une espèce, des individus

Cela fait maintenant presque 6 ans que je vis avec des chiens, et que je me suis énormément investi dans la compréhension de cette espèce.

J'ai beaucoup appris les premières années. J'ai d'abord appris que je ne savais rien, et que le peu que je savais été massivement faux. J'ai ensuite appris comment modifier le comportement de nos chiens, j'ai appris les principes, puis j'ai tâtonné, expérimenté, perfectionné. Et ces derniers temps, j'apprends - ou du moins j'essaie- à rendre un chien heureux. La notion de bonheur étant un peu anthropomorphique, disons que j'apprends comment combler les besoins d'un chien.


C'est donc tout naturellement que je me suis saisie de la notion de "Chiens libres" (je ne sais pas si la "mouvance" a un nom, je vais donc les nommer ainsi) lorsque je suis tombée dessus il y a quelques mois. Ce que j'en ai compris à la première lecture, c'est qu'il s'agit de rediriger les activités canines et chien-humain vers des balades, calmes, en libre et favorisant les interactions intra-spécifiques.
Et tout de suite quelque chose, ou plutôt quelqu'un m'a fait tiqué, c'est Flappy. En effet, souffrant de plusieurs pathologies assez sévères, les balades parfois ce n'est franchement pas adapté (ce qui ne l'empêche pas d'avoir besoin d'occupations), et en terme de chiens, il n'apprécie les interactions qu'avec quelques uns qu'il connaît bien, et c'est tout à fait son droit.
Je me suis donc demandé quel était le fondement de cette façon de voir les choses, pour - dans le cas où je serais convaincue - trouver un moyen d'adapter la philosophie à mon chien. Et aussi parce que je suis une indécrottable curieuse et que je voulais savoir de quoi il en retournait.

Finalement, ce qui ressortait de cette nouvelle façon - pour moi- d'interagir avec le chien, c'était la volonté de respecter sa nature en le laissant s'exprimer avec le moins de contrôle possible. Avec le message sous jasent de ne pas utiliser de conditionnement (bien que parfois clairement exprimé).

OK. C'est le moment où moi je ressors mes définitions pour être sûre de maîtriser la notion de conditionnement. Et plus précisément du condition opérant puisque c'est celui que nous utilisons pour modifier le comportement de nos chiens. Donc le conditionnement opérant c'est: la répétition ou non d'un comportement par un individu, en fonction de la conséquence de celui ci. Si la conséquence du comportement est agréable, l'individu va le reproduire. Si la conséquence du comportement est désagréable, l'individu ne reproduira pas le comportement. Assez logique et basique finalement.

Le 0 conditionnement est il possible? Non, les chiens font des liens par eux même. Il a suffit que Flappy aboie une fois devant la porte fenêtre alors qu'il était dans le jardin et que je lui ouvre la porte, pour qu'il comprenne qu'aboyer lui permettait de rentrer.

Par contre on peut se poser des questions sur la façon dont nous utilisons le conditionnement. Il est assez évident que de modifier la réponse comportementale d’un chien en utilisant une violence, mentale ou physique, n’est pas éthique. Parlons plutôt du conditionnement par renforcement positif, par ajout d’un gain pour le chien. Le conditionnement n’est finalement qu’un outil, qu’est ce que recherchent au fond les éducateurs bienveillants (je préfère ce terme à positif qui crée de la confusion) par son utilisation ? Ce qui est visé c’est d’encadrer l’expression des comportements du chien, de façon à ce qu’ils soient compatibles avec le monde humain. Par extension, c’est de respecter la nature du chien dans un univers contraignant qui est visé.



Si deux visions si différentes en première lecture ont finalement le même but, il est peut être plus intéressant de se concentrer sur ce qui les rassemble que sur ce qui les divise.
Si le but c’est de respecter la nature du chien, finalement la vraie question c’est : quelle est la nature du chien ?
Pas si facile de répondre à cette question lorsqu’il s’agit d’une espèce si proche et si dépendante. Nous avons tellement d’influence et d’emprise sur eux, nous vivons côte à côte depuis si longtemps, qu’il est ardu d’imaginer ce qu’ils feraient sans nous.

Les chiens ont un répertoire de communication très étendu, ce qui est utile à un animal social. Ce sont également des nomades, ils ne s'attribuent pas de territoire mais se déplacent au gré des opportunités et menaces. On sait que les chiens sont des carnivores, ça c’est leur anatomie qui le dit. Pour autant, si ils devaient se nourrir seuls, chasseraient t ils ? Où choisiraient ils de s’installer prêt des décharges et d’avoir un régime alimentaire d’éboueur ? L’opportunisme naturel des chiens fait plutôt pencher la balance vers la deuxième solution.

La question de l’alimentation d’un chien qui se retrouverait seul met en avant un fait intéressant. La plupart des chiens domestiques ont un patron moteur de chasse incomplet, rares sont ceux qui sont capables de trouver, poursuivre, attraper, tuer puis manger une proie. Depuis le temps qu’ils vivent avec nous, ils n’ont plus besoin de produire ce comportement puisque nous les nourrissons, il n’y a donc plus de sélection naturelle sur ce plan. Mais, surtout, nous avons manipulé ce patron moteur pour en atrophier certaines séquences et en hypertrophier d’autres afin de les utiliser comme auxiliaire de travail.

Le fait de rassembler et guider un troupeau n’a aucun intérêt pour la survie d’un chien, pourtant la dernière fois que j’ai vu un bébé border de 3 mois découvrir des moutons, j’ai été bluffé par l’impression de naturel qui se dégageait de la scène. Ces tendances comportementales sont ancrées dans le chien, elles s’exprimeront plus ou moins fort en fonction de l’environnement, mais si elles sont présentes nous ne les ferons pas disparaître  et si elles ne sont pas là nous ne pourrons pas les faire apparaître. 

Par la sélection nous avons fortement influencé la nature des chiens, et si tous ont des points communs, ils peuvent aussi être fondamentalement différents. C'est le concept même des races, ce pour quoi nous les avons créés et ce pour quoi nous les choississons aujourd'hui: des rôles différents, des tendances comportementales différentes, des besoins différents.Là où certains ne feront que pointer la proie, certains la courseront. Là où certains chercheront le contact avec chaque humain qui croisera sa route, d’autres seront d’une extrême méfiance. Là où un jogging en fatiguera un pour l’après midi, cela ne saura qu’un échauffement pour un autre. Ignorer les patrons moteurs, les tendances comportementales et les besoins variables que la sélection génétique a fait apparaître chez nos chiens serait une erreur. Cela serait donc une erreur de penser que nous pouvons tous les combler par le même mode de vie, les mêmes sollicitations, les mêmes interactions.


Alors finalement, que devons nous faire avec nos chiens ? Utiliser le conditionnement ou pas? Faire des sports canins ou pas ? Lui offrir beaucoup d’interactions avec ses congénères ou pas ? Le sortir en forêt ou dans des parcs ? Il y a une multitude de questions que l’on pourrait encore poser. Mais cela ne sert à rien parce que la réponse est toujours la même : ça dépend. 

Ca dépend de ce dont ce chien a besoin et de ce qu’il faut à son humain pour lui permettre de répondre à son besoin. Peu importe l’affection ou le respect que l’on a pour nos chiens, à quel point nous voulons leur accorder de l’autonomie, ils sont fondamentalement dépendants de nous. A la fois de nos actes mais aussi de nos convictions, nos freins et nos motivations. Il est tout à fait évident que nos chiens ont besoin qu’on leur offre des sorties durant lesquelles ils peuvent explorer, se déplacer, s’éloigner librement. Mais la peur de l’accident de l’humain n’est pas moins légitime. Il est compréhensible que ce chien n’apprécie pas l’effervescence d’un club canin, tout comme il est compréhensible que son humain accorde beaucoup de valeur à cette occasion de liens sociaux. Flappy a le droit de préférer les sorties en ville, et j’ai le droit de préférer les sorties en forêt. Il est logique que Linux est envie d’aller à la rencontre de tous les chiens qu’il croise, tout comme il est logique que je ne lui permette pas à chaque fois. 


La vie commune est une histoire de compromis, d’ajustement, d’apprentissage par essai-erreur. Nos chiens ne parlent pas, mais presque. C’est en apprenant leur langage que nous saurons quoi faire avec chacun, ce qui est possible avec lui et pas avec lui, ce qui nécessaire pour lui et pas pour lui, ce qui est interdit avec celui ci et intéressant avec celui là, ce qui fait plaisir à celui là et qui rebute celui ci. Nous disposons d’une multitude de possibilités, d’outils, de voies pour offrir une vie riche, intéressante, équilibrée à chacun de nos chiens, dans le respect de leur intégrité physique et morale, mais aussi dans le respect de qui nous sommes, ce que nous voulons ou pas, ce que nous pouvons ou pas. 

Lancez la balle, utilisez le clicker, roulez vous par terre, rencontrez d’autres chiens, expérimentez le lâché prise, apprenez à vous taire, courez les terrains d’agility, creusez des trous, tracez des pistes, tout ce que vous voudrez, tout ce que votre cerveau pourra imaginer. Mais faites tout cela l’esprit ouvert, écoutez votre chien et n’oubliez pas d’en tirer les enseignements. Ne le forcez pas dans des chemins qui ne lui conviennent pas, suivez le parfois dans ceux que vous n’auriez pas emprunté.

jeudi 20 octobre 2016

5 choses à savoir quand on veut vivre avec un chien

La culture populaire est une culture dont "la principale caractéristique est d'être produite et appréciée par le plus grand nombre".
Nous avons une culture populaire canine bien ancrée, portée par un incroyable nombre de prescripteurs, soutenue par des biais médiatiques, initiée par les fantasmes de notre enfance.
Ce sentiment de connaître le chien nous pousse à nous lancer dans l'aventure de la vie commune humain-canin sans plus de recherche que celle parfois de la race. Pourtant le nombre d'abandons par an en France, dont nous avons encore explosé le record cette année, prouve bien le contraire. Parce que si une proportion de ces abandons sont indéniablement le fait d'irresponsables finis, voire de tortionnaires ou d'enfoirés (appelons un chat, un chat ahah), une autre liée aux départs de leur propriétaire pour des maisons de vie, des hôpitaux, ou une autre dimension, la plus grosse partie est quand même le fait de gens ayant adoptés leur chien dans une démarche tout à fait sincère... Et qui sont tombés des nues. Ils n'avaient tout simplement pas envisagé que ça se passerait comme ça.

Voici donc 5 choses à savoir avant d'adopter un chien.

Parlons d'abord de la question des ressources. 

-Une tirelire-chien est à prévoir
Autant commencer par le sujet qui fâche.
Un chien ne coûte pas forcément cher, que ce soit à l'acquisition ou à l'entretien. Linux venant de refuge (190€), étant un petit gabarit (40€/mois de miam) et en parfaite santé (80€ de véto annuel à tout casser), on ne peut pas dire qu'il me ruine..
Flappy c'est une autre histoire pour à peu près chacun des postes.
L'idée n'est pas de dire que seuls les gens aisés devraient avoir un chien, l'idée est que l'aspect financier ne doit pas être un frein au bien être du chien. Que ce soit pour des frais vétérinaires, l'appel à un spécialiste du comportement, une alimentation de qualité ou des aménagements de l'environnement, si cela doit être fait, cela doit être fait. Il faut donc prévoir en conséquence. 
Pour l'aspect véto, je ne saurais pas dire si les mutuelles valent la peine, c'est une piste à étudier, malheureusement la sécu pour chien, ça n'existe pas (et quand on voit le prix d'une IRM, on est bien heureux que ça existe pour nous autres bipèdes).


-Avoir un chien, c'est chronophage
Joël Dehasse indique dans son livre "Changer le comportement de mon chien en 7 jours" qu'un chien a besoin, en moyenne, de 5 heures d'activités par jour. Si c'est possible d'en couvrir une partie avec des activités autonomes (flair, mastication, jouets, observation etc), il aura besoin de vous pour au moins la moitié de ce temps.
A l'instant T, là, celui où vous envisagez de prendre un chien, vous n'avez très certainement pas 2h30 de libres par jour. Il faudra donc libérer ce temps, et comme malheureusement on ne réduit pas le temps de travail à la carte, que les corvées sont incompréhensibles à partir d'un certain point, c'est votre temps de loisir qu'il va falloir transformer.
Remplacer la télé du retour du boulot par une balade, les brunchs par des escapades en forêt, les 4 reports du réveil par une sortie bien trop matinale. Selon votre profil ça vous sera plus ou moins difficile. Si vos habitudes du week end sont de faire des randonnées dans le Vercors, il vous sera bien plus facile d'intégrer un chien à votre train train, que si votre plaisir c'est de passer vos journées en ville, entre musées et cafés. Ce qui ne veut pas dire que vous n'aimeriez pas votre chien. Simplement, si nous pouvons tous changer, nous ne pouvons pas nous transformer du tout au tout en claquant des doigts, nous ne pouvons pas rayer nos envies,nos besoins, les choses qui nous animent chaque jour parce qu'une boule de poils a débarqué (enfin parce que nous avons amené une boule de poils). Notre marge de manœuvre est limitée.
Un chien qui n'a pas assez d'activités va soit, s'occuper par lui même, peu importe le désagrément que cela pourrait vous causer, soit développer des troubles du comportement, soit plonger dans l'apathie ou la dépression (le mieux pour vous, mais le pire pour lui, car c'est généralement les cas pour lesquels on agit le moins).

Une fois n'est pas coutume, enchainons avec logique. Vous avez noté, dans mes substitutions de loisirs, j'ai uniquement parlé de sorties? Ce n'est pas pour rien.

- Le chien est un explorateur
Tous les animaux de compagnie ont besoin de temps ( plus ou moins), tous les animaux de compagnie nécessitent un engagement financier (plus ou moins), mais si il y a bien une chose , une contrainte - ou un plaisir, c'est vous qui voyez - propre au chien, c'est la balade. La balade, c'est un peu le graal du chien: activité physique, interactions sociales (possiblement), exploration (impératif incontournable), autonomie ( ça c'est pas facile pour nous), le jackpot en somme. Ce n'est pas une option chez lui, il est fait pour ça, et sans ça, il peut devenir frappa-dingue (plus ou moins). Et quand on parle de sortir, on ne parle pas de 2 fois 15min, mais bien d'au moins 1 heure par jour. 
Si la perspective de sortir le chien chaque jour, peu importe le temps, peu importe son niveau d'éducation (si il tire, c'est votre problème pas le sien), peu importe votre journée, représente un obstacle pour vous, c'est le moment de faire demi tour.


Les deux derniers points enfin, traitent de la logique du chien, dans le but de vous aider à faire le tri parmi tout ce que vous pouvez lire, sur internet ou dans les bouquins, dans tout ce que vos multiples prescripteurs pourraient vous dire, dans le florilège des professionnels du chien.

- Le chien est un opportuniste.
Basiquement, il y a 2 paradigmes sur le mode de fonctionnement du chien dans notre société d'humains: le chien est un animal hiérarchique (sous entendu qui pourrait tenter de vous dominer) -  le chien est un animal opportuniste.
Dans le modèle hiérarchique, les comportements du chien sont analysés comme une tactique d’ascension sociale. Un chien qui dort sur le canapé, tire sur sa laisse, grogne lorsqu'on s'approche de sa gamelle, est un chien dominant. Il en résulte une éducation basée sur la punition/privation/contrainte (dans des degrés variables mais dans une démarche équivalente), afin de réassoir notre statut de chef vis à vis du chien. C'est un modèle qui est dépassé depuis longtemps, preuves scientifiques à l'appui, la hiérarchique inter spécifique n'existant pas, et le chien n'étant jamais simplement dominé/dominant.
Si on voit le chien comme un opportuniste, ce qu'il est, ses comportements prennent une toute autre signification. Le chien qui dort sur le canapé le fait parce que c'est confortable, le chien qui tire sur la laisse veut atteindre une super odeur, le chien qui grogne lorsqu'on approche de sa gamelle veut protéger sa nourriture. Parce que finalement, il ne cherche que 2 choses: obtenir ce qui lui provoque du plaisir et éviter ce qui lui provoque du déplaisir. En partant de ce schéma là, tous les comportements de nos chiens sont explicables à partir d'une analyse coût/bénéfice. Ils ne sont jamais là pour nous causer du tort à nous, mais toujours pour lui apporter/éviter quelque chose à lui.




-Le renforcement positif est efficace pour enseigner un comportement à un chien.
En se basant sur le point précédent, on peut en déduire qu'il y a 4 façons possibles de modeler le comportement de nos chiens.
 
Renforcement – Amplifie le comportement
Punition -  Diminue le comportement
Renforcement positif

Par ajout de quelque chose d’agréable

Ex : Le chien s’assoit, il obtient une friandise
Renforcement négatif

Par retrait de quelque chose de désagréable

Ex : On exerce une pression sur la croupe du chien qu’on supprime lorsqu’il s’assoit.
Punition positive

Par ajout de quelque chose de désagréable

Ex : Le chien nous saute dessus pour jouer, nous lui donnons une tape.
Punition négative

Par retrait de quelque chose d’agréable

Ex : le chien nous saute dessus pour jouer, nous nous éloignons.

Les punitions n'enseignent rien, elles disent au chien que ce comportement n'est pas souhaitable, mais pas quel comportement adopter.
Le renforcement positif fait appel à la nature du chien dans l'enseignement d'un nouveau comportement, il est donc très efficace, et simple à mettre en pratique en plus.
Vous n'avez donc pas besoin d'entrer en conflit avec votre chien. Vous n'y avez d'ailleurs pas d'intérêt, la confrontation fera de vous une source de stress pour votre chien, et très logiquement il fuira les interactions avec vous (vous vous souvenez? Eviter l'inconfort => éviter le stress), ce qui - entre autres choses - ne vous aidera pas à vous faire obéir. Ce qui est pourtant le but initial de l'éducation.
La super nouvelle là dedans, c'est que l'éducation d'un chien est accessible à tous, et avec tous les chiens. Puisque vous êtes dans une démarche coopérative, vous n'avez pas besoin de le maîtriser physiquement, d'avoir le dessus sur lui. J'ai déjà vu de tout jeunes enfants enseigner le assis à des dobermans ou des bergers allemands. 


Comme souvent quand je me relis, je me trouve un rien moralisatrice. Peut être à cause de ma façon d'écrire, surement parce qu'il est sujet ici de remettre du rationnel dans un acte qui est la plupart du temps émotionnel.
Lorsqu'on prend un animal de compagnie quel qu'il soit, c'est avant tout pour répondre à une envie. C'est un désir qu'on a d'ajouter un individu dans notre quotidien et dans notre projet, cela le rend plus doux. C'est triste de gâcher cette belle histoire fantasmée parce que nous n'avons pas anticipé l'investissement que cela nous demanderait (en temps comme potentiellement en argent), parce que nous n'avons pas choisi le bon compagnon ( rat, lapin, chat, furet, cochon d'inde etc, il existe une multitudes d'espèces de compagnie - et aucun foyer ne convient à toutes), ou parce que nous avons été mal orienté/ conseillé.
C'est triste également, et même plus, pour ce chien qui n'a rien demandé à part mener une vie sympa de chien sympa.
Triste de compliquer 2 existences (minimum) parce que nous avons été berné par notre culture populaire/ avons agit sur un coup de coeur.

Il s'agit d'une vie commune de 10 ou 15ans avec un être dont VOUS avez la responsabilité, dont vous devez combler les besoins physiologiques et physiques (car il ne peut pour ainsi dire rien faire sans vous), pour laquelle vous vous engagez.


Hélène Monty



jeudi 6 octobre 2016

Un esprit sain dans un corps sain

Un esprit sain dans un corps sain... C'est bien ce que l'on nous argumente pour nous inciter à une pratique sportive non? Dans l'absolu, cet adage devrait aussi s'appliquer à nos chiens. Sauf que, comme à peu près à chaque fois que nous humains, nous nous en mêlons, c'est à mettre au conditionnellement.

Je ne vais pas parler ici de la pratique de haut niveau. Elle est très certainement porteuse de ses propres dérives et problématiques mais je ne les connais pas. Il sera ici question des chiens qui pratiquent une activité sportive dite de loisir (ce qui n'exclue pas la compétition), ce qui concerne tout de même l'énorme majorité des pratiquants.

Offrir à un chien de compagnie une activité sportive, sur le papier c'est une bonne chose. Le problème majeur de nos chiens, c'est l'ennui. Le sport leur permet d'avoir une activité physique et mentale (plus ou moins de l'un et de l'autre, mais jamais uniquement de l'un ou de l'autre), de façon régulière, dans une interaction positive avec leur humain. Notre pratique est porteuse de 2 risques:
- C'est un loisir, nous ne voyons donc pas notre chien comme un athlète. Pourtant, quel que soit le niveau atteint, nous lui demandons de produire un effort physique, sous contrôle. Il devrait être préparé physiquement et psychologiquement à cela.
- C'est notre chien, notre compagnon. Difficile pour nous de concevoir qu'il puisse ne pas vouloir cette interaction avec nous, pas celle là, pas comme ça.

Assez palabré, rentrons dans le vif du sujet.

Un physique préparé.

Qu'est ce qu'on entend par préparation physique?

Il y a différents volés ici: la musculature et la proprioception.

Une bonne musculature permet certes d'augmenter les performances, mais aussi une meilleure capacité de récupération et un risque de blessures moindre.
Les courbatures, les crampes, la fatigue musculaire proviennent de l'accumulation de l'acide lactique ( conséquence de la production d'énergie nécessaire à l'effort) dans les muscles.
L'entrainement permet 2 choses:
- Une meilleure tolérance des muscles à l'acide lactique
- Une amélioration des capacités cardio respiratoires, et donc un meilleur traitement des déchets (Dont acide lactique)

En d'autres termes, plus votre chien est musclé, plus il est performant, plus il récupère vite et moins il souffre.

Cet été, j'ai fait un stage frisbee avec Linux. En arrivant là bas, je savais qu'il était en surpoids, c'était en cours de rectification.
Mais je ne soupçonnais absolument pas qu'il s'était autant demusclé! Le décès de Buddy, mon boulot, la maladie de Flappy, autant de facteurs qui nous ont mené là.
Résultat: il n'a pas touché un frisbee pendant un mois. Le temps de travailler le fonds.
  
Cette préparation est à coupler avec une deuxième qu'on appelle proprioception. La proprioception c'est : "l'ensemble des centres nerveux qui permettent, de façon consciente ou non, la perception de soi même, et particulier, la position et le tonus de ses membres " (Définition de Fregis).
En gros, c'est savoir où sont et que font les différentes parties du corps.
Chez le chien, les pattes avants supportent 65% du poids, son arrière main, c'est pas franchement quelque chose de concret pour lui. La proprioception permet de travailler là dessus, et elle améliore également la stabilité des articulations.
 Là encore cela joue sur la performance parce qu'il fera peu de barres en agility par exemple, parce qu'il saura qu'il faut lever les pattes arrières aussi, ou effectuer des tricks assez complexes dans une chorégraphie d'obérythmée, mais aussi et surtout, cela diminue le risque de blessure.
Il est beaucoup moins risqué de demander saut et réception à un chien qui maitrise parfaitement son corps.

La proprioception, on maitrise plutôt ici :)

Bien entendu le degré de préparation nécessaire ne sera pas le même suivant le sport que vous pratiquez, le pistage ça n'a rien à voir avec le frisbee en terme d'exigence physique, et en fonction de votre niveau. Mais dans tous les cas, la pratique du sport canin demande une préparation et un entretien.
Et puisqu'on parle de degré, vous déterminez le degré de préparation, mais il faudra aussi fixer celui de l'effort. Un chien qui est motivé par le frisbee ne va pas forcément s'arrêter de lui même. C'est à vous d'observer les signes et d'arrêter, afin d'éviter qu'il ne se blesse.
 Et pour continuer sur les histoires de blessures, courbatures et compagnie: l'échauffement et le retour au calme sont 2 impératifs. Je pense que toute personne ayant déjà assisté à un concours d'agility a déjà vu le coup du "Je te sors de ta caisse, on fait le parcours et tu y retournes". L'échauffement permet d'éviter déchirure, élongation et autres joyeusetés, le retour au calme l'accumulation d'acide lactique dans les muscles.

Gérer la frustration/ l'excitation.
Un des facteurs qui font que les sports canins sont parfois décriés, c'est l'excitation des chiens sur le terrain.
Pas si facile d'expliquer la différence entre motivation et excitation, la frontière peut être tenue. Pourtant c'est important de savoir rester au niveau de la motivation et de ne pas monter vers l'excitation. Un chien qui s'excite perd de ses auto contrôles et devient de fait potentiellement plus dangereux. Et accessoirement il est aussi moins capable de se concentrer et donc d'apprendre efficacement / exécuter correctement.
Pour essayer de rendre ça un peu plus clair je vais utiliser le graphique valence/éveil qui a été présenté par Charlotte Duranton et Eleonore Buffet au séminaire Dog Revolution. La joie (= motivation) et l'excitation sont 2 états positifs pour l'animal, mais le deuxième utilise plus d'énergie que l'autre. Les comportements sont plus exacerbés. Concrètement, un chien qui s'excite va aboyer, trépigner, sauter, prendre en gueule etc.
Pour exemple, quand je rentre chez moi après une journée de travail, Flappy vient me voir en remuant la queue. On ne s'est pas vu depuis un moment, je suis quelqu'un qu'il apprécie, il est motivé à avoir une interaction avec moi. Quand je vais le récupérer chez sa véto, son comportement est beaucoup plus expansif, beaucoup plus actif (il utilise beaucoup plus d'énergie), il saute, il aboie, il est excité de me revoir.
L'excitation est un état assez proche de la frustration et un rien risque de faire passer le chien de l'un à l'autre. Vous prenez une balle, votre chien est excité, il la veut, il tourne, aboie, vous ne la lancez pas, il entre en frustration.

Frustration/ excitation, ce sont 2 choses que le chien peut apprendre à gérer, que vous devez lui apprendre même. Même un chien qui ne pratique pas de sport doit faire ces apprentissages, mais c'est encore plus le cas pour un sportif. Il doit pouvoir attendre son tour calmement au bord du terrain, ne pas attraper le frisbee dans votre main, attendre le départ de la course etc. On en parle ici et ici.

A noter que pour un chien soit capable de gérer ses émotions, il faut qu'il est une vie équilibrée, que ses besoins soient respectés. Plus un événement est rare, plus il est marquant. Autrement dit, moins votre chien a de sources d'exercices, d'interaction avec vous, en dehors des séances de travail, plus il aura dû mal à se gérer durant celles ci. Un chien sportif est avant tout un chien.

En résumé, un chien qui pratique un sport a besoin d'avoir une condition physique adaptée, qui lui permette de vous suivre sans risquer de se blesser et sans se crever, et il faut veiller à ce le jeu reste une source de plaisir, d'expression pour lui et non pas un facteur de stress.
Emmener un chien sur un terrain de travail c'est beaucoup de travail préalable, ce qui m'amène à mon dernier point: la pratique précoce des chiens.

Comme toujours chez le chien, les promenades sont un indispensable pour atteindre nos objectifs.

Débuter un sport avec un chiot.

Je ne suis pas une grande spécialiste du "montage" des chiots, mais il y a des faits attachés à leur condition de bébé qu'il ne faut pas négliger lorsqu'on débute un sport avec un chiot.

- La gestion des émotions.
Les chiots sont en construction de leurs auto contrôles (" Capacité à gérer ses émotions face aux sollicitations de l'environnement" Fanny Walther - AREG). Une sur stimulation du chiot nuit à l'acquisition de ces auto contrôles.
Par ailleurs, il est important d'essayer au maximum de ne confronter le chiot qu'à des expériences positives qui seront son référentiel de base par la suite. Une mauvaise gestion de la bascule sur un adulte c'est une chose, sur un chiot s'en est une autre. Sans compter que le chiot passe par une période de peur entre ses 3 mois 1/2 - 4 mois et ses 7 mois environ.
- La construction
Durant la croissance sauts, torsions, les mauvaises réceptions, les contorsions en tout genre peuvent avoir de graves conséquences, parfois sans retour en arrière possible.
La croissance en longueur et hauteur est fini vers 5 mois pour les touts petits gabarits, 12 pour les grands et 10 pour les chiens d'une quinzaine de kilos. Un bon équilibre est lui acquis respectivement vers l'âge de 6, 12 et 8 mois.

L'idée n'est pas de diaboliser la préparation au sport des chiots mais d'alerter sur l'importance de faire très attention à ce que l'on fait, à ne pas vouloir aller trop vite, trop loin.

Et pour finir, parce que cela me tient à coeur, n'oubliez jamais de poser la question à votre chien.
J'ai lu récemment un article sur The Magic Clicker qui traitait de la motivation et du mantra "Motive le" sur les terrains.
Si votre chien manque d'entrain, demandez vous:
- L'environnement lui convient?
- Est ce que ma demande est accessible?
- Est ce que mon rythme de renforcement est bon, est ce que mon renforcateur est adapté?
Si la réponse à toutes ses questions est oui, alors il faut se poser des questions sur l'attrait du chien pour la discipline elle même.
Je ne pense pas que pratiquer un sport canin nécessite un gros conditionnement, que c'est contre nature d'une certaine façon. Les sports font appel aux instincts du chien, à des patrons moteurs. Par exemple j'ai certes conditionné Linux à avoir un intérêt pour le frisbee qui n'est pas un objet qui l'attire par nature, mais la poursuite et la prise en gueule sont des comportements ancrés chez lui, dont il a besoin et qu'il apprécie. Pour Flappy et la recherche d'objet c'est encore plus simple, je donne le départ mais rechercher quelque chose d'intéressant avec sa truffe, c'est tout ce qu'il y a de plus naturel pour un chien.
Mais si le sport fait appel à des instincts, à des comportements naturels, tous nos chiens n'ont pas les mêmes propensions et n'ont donc pas les mêmes inclinaisons naturelles pour toutes les activités.
Le sport canin doit avant tout rester un jeu, un moyen pour votre chien de combler ses besoins, et une interaction positive. Laissez le choisir.

Hélène Monty

jeudi 25 août 2016

Les friandises, les jouets... Et les renforçateurs saugrenus.

Je suis partisane de l'éducation par le renforcement positif. Parce qu'elle est respectueuse, elle est logique et elle est efficace.

Enfin elle l'est... Si nous disposons d'un renforçateur! Je suppose que vous avez déjà entendu, lu quelqu'un disant que l'éducation positive ne marche pas avec tous les chiens. Bon déjà on pourrait avoir un petit débat sémantique, parce qu'éducation positive ne veut pas tout à fait dire renforcement positif mais passons. L'idée est là: récompenser mon chien ne marche pas. Et là aussi est l'erreur: ce n'est pas l'action qui est inefficace, c'est votre outil.

Lorsqu'on parle de renforçateur, nous pensons principalement au jouet ou à la friandise
Il est clair que le jouet ne motive pas tous les chiens, j'en ai un en train de ronfler à mes pieds qui prend une balle tous les 15 août. Je ne vais certainement pas l'inciter à me faire une belle marche au pied en lui lançant un balle au bout de 20 pas.
La plupart des chiens travailleront avec de la nourriture... Jusqu'à un certain point. Même les peu gourmands participeront une séance de clicker avec du jambon à la maison, parce que l’interaction est agréable et  l'environnement peu stimulant, pas besoin d'avoir le Graal pour qu'il choisisse que c'est la chose la plus intéressante à faire. Prenez un chien, même gourmand, lâchez le dans une forêt qui grouille de bestioles, avec d'autres chiens et après une journée à attendre que vous rentriez du travail, et il est fort probable qu'il préfère vaquer à des occupations de chien plutôt que de venir travailler la position "Salut" avec vous, même pour du jambon. 

Quoi de plus plaisant pour un beagle que de renifler une odeur.
Sans aller jusqu'à cette situation un peu caricaturale, certains chiens sont peu motivés par la nourriture dans des environnements stimulants.

Alors, lorsqu'on a un chien comme Jack, petit épagneul de 7 kg, peu intéressé par les jouets et la nourriture hors de chez lui, devons nous abandonner le renforcement positif pour se tourner vers d'autres méthodes?
On le peut, mais ce n'est pas une obligation, c'est un choix.
Jack n'est pas motivé par ces 2 choses, cela ne veut pas dire qu'il est motivé par rien: les crottes de lapin, les odeurs pestilentielles, les autres chiens, la possibilité de courir partout, plein de choses le motivent. 
Si nous sommes coincés dans notre apprentissage, dans nos choix de renforçateurs, c'est parce que nous sommes coincés dans notre esprit d'humain. Prenons du recul, observons notre chien, regardons ce qu'il aime faire, ce qu'il choisit de faire et nous aurons une foule de renforçateur à notre disposition.

Bien sûr nous n'allons pas tous les utiliser. 
Mon chien adore aller aboyer à la clôture sur la chienne de mes voisins. Je pourrais lui demander la lune qu'il irait me la chercher si cela voulait dire que je lui ouvre ensuite la porte pour qu'il fonce sur la clôture. Je ne l'utiliserais pas car je ne veux pas que ce comportement perturbe mais j'ai à ma disposition un renforçateur très puissant.

Pour rendre les choses un peu plus claires, et vous aider à avoir le déclic pour vos propres chiens, j'ai fait une petite liste de choses que mes chiens apprécient et que je peux utiliser comme renforçateur

Flappy:
- Les mouchoirs en papier (sales de préférence... Chien de roi ouais)
- Les crottes d'oie (se rouler dedans précisément)
- Marcher dans le sable
- Renifler son chat
- Reculer
- Explorer les restes d'un pique nique

Bonheur!


Linux:
- Sauter dans les bras
- Creuser un trou
- Les interactions avec d'autres chiens 
- Récupérer un bâton dans l'eau (seul et unique contexte où les bâtons présentes un intérêt pour lui)
- S’aplatir dans une flaque de boue

Il est évidemment que ce ne sont pas des récompenses dont je vais me servir pour un séance de clicker, mais ce n'est pas le but. Comme je l'ai dit un peu plus haut, la très grande majorité des chiens participeront avec entrain avec une séance de travail même avec une récompense de moindre valeur, parce que c'est fun en soit. Si ce n'est pas le cas, c'est le plus souvent parce que nous ne sommes pas clairs. 
On ne commence pas un apprentissage en pleine ville dans une rue passante, nous commençons dans le calme, chez nous puis nous généralisons dans des lieux plus stimulants. Lorsque l'on s'y prend "bien", les chiens aiment ces petites interactions avec nous, la séance en elle même devient motivante, un renforçateur. Vous avez peut être noté que certains des renforçateurs de mes chiens sont des "tours", ce qui est logique. Pensez aux chiens d'agility qui enchainent une dizaine d’obstacle ou à ceux d'obé rythmée qui exécutent des chorégraphies de plusieurs minutes, sans friandises au milieu. Ils le font, et avec entrain, parce que produire ce comportement, traverser ce tunnel est devenu un renforçateur pour eux. Le comportement "Recule" est tellement chargé positivement pour Flappy qu'il est devenu une récompense, quelque chose qu'il aime obtenir.
Tout cela pour dire que, dans le cadre du sport, la récompense c'est le suivant, comme l'expliquait si justement Amélie de Coussinets Agiles lors d'un stage. Le disque suivant en frisbee, le tour suivant en obé rythmée, l'obstacle suivant en agility.

Là où il est souvent plus difficile d'avoir le chien attentif à soi, et là où ses renforçateurs incongrus sont utiles c'est en balade.A moins d'être inhibé, un chien fait des choix en fonction de conflits de motivations: où est le risque le moins élevé, où est le gain le plus élevé. Nos chiens ne meurent pas de fin, ils ne sont pas en manque de leur humain, ils ont des jouets dans le bac à la maison, l'environnement riche des promenades est bien plus intéressant et motivant pour eux. 

Je reprends mes chiens, leurs problématiques et leurs renforçateurs. 
Flappy a besoin de réapprendre à apprécier les promenades. Il est malade depuis plusieurs années, et a passé des mois difficiles dernièrement où marcher était douloureux. Ce n'est pas un chasseur, il ne prend pas plaisir à courir. Mais il aime se rouler dans des trucs qui puent, farfouiller là où des gens se sont installés pour pique niquer, s'éclater dans du sable. Alors en balade je me mets en quête de ces choses qu'il aime, fais de mon mieux pour les trouver avant lui et l'appelle pour lui montrer. Il se dit alors que me suivre en vaut la peine, que se promener l'amène à des trucs vachement chouettes, et petit à petit il retrouve son engouement: Promener c'est sympa!

Avec Linux je cherche à travailler son attention par défaut: un truc de fait peur, un truc de fait envie, regarde moi. Alors avant de le détacher pour qu'il aille voir d'autres chiens j'attends qu'il me regarde, je lui demande un "Look" lorsqu'on croise un homme qui l'inquiète et le fait sauter dans mes bras ensuite, je l'envoie vers une taupinière si il reste avec moi plutôt qu'aller embêter le chien en laisse. Ce que je recherche c'est qu'il se décide que quoi il arrive, j'ai toujours quelque chose de rassurant/ de plus sympa pour lui.

Bestiole!
Pour en revenir à Jack, nous commençons à travailler le rappel ainsi. C'est un indécrottable pisteur, rien ne l’intéresse plus que de courir de piste en piste. Alors quand il revient vers nous, nous lui montrons une piste qu'il n'avait pas vu. Et pour cause nous l'avons créée, en déposant quelques poils de cochons d'inde ou crin de chevaux. L'objectif est d'avoir un chien qui revient au rappel de façon sûre, et c'est nettement plus facile si il n'a  pas à renoncer à ce qu'il préfère pour ça.

Finalement, cet article sur les renforçateurs originaux tournent surtout autour de la problématique du rappel, de l'extérieur. Peut être parce que ce sont les échecs sur ces points qui poussent les gens à se tourner vers des outils coercitifs, collier étrangleur ou électrique.
Peut être parce qu'il est si dommage que tant de chiens soient privés de ce qui est finalement le plus agréable, le plus nécessaire pour eux parce que nous n'imaginons pas aller plus loin.
Pourtant sortir des sentiers battus est tellement fun, tellement instructif et tellement constructif pour nos relation avec notre chien.
 



Hélène Monty





vendredi 1 juillet 2016

Ne pas se leurrer sur le leurre

 Bon j'avoue le titre c'est surtout pour le jeu de mots ;). Parce qu'il va être question du leurre mais pas que! Il va être question du mauvais emploi de la friandise en général, et de comment, ce qui devrait être un accélérateur d'apprentissage et un renforçateur devient un inhibiteur.

En gros, pourquoi ceux qui déclament qu'enseigner à la croquette donnent des chiens qui "n'obéissent" qu'avec de la bouffe sous le nez ont à la fois tord et raison.

Comment cela devrait il se passer?

Tout commence par une loi du comportement: tout comportement renforcé augmente.
Donc, pour que nos chiens adoptent les comportements que nous souhaitons, nous allons les renforcer, les récompenser.
Une multitude de choses peuvent faire office de récompense mais la récompense alimentaire a beaucoup d'atouts pour elle: facile à utiliser, par tous et partout, n'interrompt pas vraiment la séance, fonctionne avec tous les chiens, permet une fréquence de distribution élevée.
Nous allons donc utiliser une friandise pour renforcer le comportement de notre chien de façon systématique, c'est la phase d'acquisition, puis de façon aléatoire lors de la phase d'automatisation, pour ensuite passer aux phases de généralisation puis de maintenance (dans laquelle le renforçateur n'est plus nécessaire, le comportement est porteur de sa propre motivation).

Ça paraît simple comme ça, alors pourquoi parfois cela ne marche t il pas?


La première source d'ennui est la phase d'acquisition.

De l'importance du timing.
Commençons par le commencement: le moment et la zone de récompense. Suivant quand on récompense et où on récompense, nous n'enseignons pas le même comportement.
-Je travaille la marche au pied (et non pas la position au pied), je commence par mettre mon chien en position, je fais quelques pas et je récompense. Sauf qu'une personne aussi douée en coordination que moi a le réflexe de s'arrêter pour récompenser. Du coup j'ai renforcé la position mais pas le fait d'avancer dans cette position.
- J'enseigne à mon chien à ne pas descendre du trottoir sans moi, je le laisse sur le trottoir, m'éloigne et reviens le récompenser directement dans la gueule si il n'est pas descendu. Au départ bien sûr je ne m'éloigne pas beaucoup, pour ne pas être mon chien en échec. Il n'a donc pas appris que ne pas descendre sans signal contraire c'était bien, il a juste appris qu'être à côté de moi est bien. Et donc lorsque que j'ai commencé à m'éloigner, il m'a bien évidemment suivi, logique ce chien.
J'ai changé de zone de renforcement et lancé la récompense sur le trottoir, et là il a fait l'association que je voulais: le trottoir, c'est cool!
(Mes chiens ont fait ces associations, d'autres ne feraient peut être pas le même, le propos est que suivant où et quand je récompense mes chiens, ils ne font pas la même association).


On progresse, et on se retrouve dans la phase d'automatisation.

Un renforcement aléatoire précoce
Une erreur assez classique est de passer à une distribution de récompenses aléatoire trop rapidement.
On ne passe au renforcement aléatoire que lorsqu'un comportement est bien maîtrisé . Si le chien n'a pas compris, si il est encore dans l'essai, le fait que la récompense ne soit plus systématique va le mettre en doute et il risque de se désengager.

L'humain muet
Lorsque nous sommes en renforcement aléatoire, nous ne passons pas du tout au rien, notre chien ne passe pas de la pluie à un silence radio et 0 interaction. Nous allons continuer à le féliciter oralement, avec plus ou moins d'effluve, et pourquoi pas lui faire une petite grattouille (si il aime ça). Sauf que, cachés derrière nos friandises durant la période d'acquisition (ou juste trop concentrés sur ce que nous sommes en train de faire), nous sommes souvent muets. Nous n’apprenons pas à féliciter nos chiens oralement (je ne sais pas vous mais moi, à la base ce n'est pas dans ma nature de m'exclamer "C'est bien loulou" ou de prendre une voie aigue et enjouée pour dire "Oui"). Du coup, lorsque nous diminuons l'apparition des friandises notre chien se retrouve face à un "C'est bien" platonique (et il n'a pas appris ce que signifie ce mot puisque nous ne parlons pas lorsque les friandises sont là), et effectivement on peut le comprendre qu'il ne soit pas franchement motivé.

Vous n'êtez pas obligé de parler durant la phase d'acquisition, personnellement en shapping j'ai du mal avec la fréquence du click, mais lorsque vous récompensez à la voix, récompensez vraiment.


La friandise parasite
Ce qui peut se produire lorsque l'on a tendance à travailler avec les mains pleines, c'est qu'on ne passe en réalité jamais en aléatoire puisque le chien sait prédire quand il sera récompensé et quand il ne le sera pas.. Outre le fait que cela risque de déconcentrer le chien va peut être vous sortir tout son répertoire pour obtenir le truc qui sent bon dans votre main, cela rend la récompense très prévisible: friandise dans la main = récompense, pas de friandise en main = pas de récompense.
Et ce n'est pas que votre chien ne veut pas/ ne sait pas apprendre sans friandises, bien au contraire. Vous travaillez avec récompense en main, une fois que vous estimez le comportement sur signal vous voulez passer en aléatoire et là hop d'un seul coup votre main se vide. Au bout de quelques répétitions, votre chien a compris que si il n'y a rien dans la main, il n'y a rien dans la gueule non plus à la fin. Il se démotive dans ce cas de figure, ne réalise plus le comportement, vous revenez en arrière et la récompense est à nouveau dans votre main. Il a non seulement appris que lorsque vous avez les mains vides, il n'obtient pas de récompense mais il a également appris à attendre qu'elle réapparaisse pour réaliser le comportement. Si c'est pas un chien intelligent ça. Il a appris. Mais pas quelque chose que vous souhaitiez.

Facilitez vous la vie, utilisez une pochette pratique et préparez vos friandises en amont. Piocher et récompenser doit être un geste facile et rapide. Et cela vous aidera en outre à avoir un bon timing.

Et plus que de travaillez les mains pleines de friandises, vous pouvez également utiliser ces mains pleines de trucs trop bons pour amener votre chien à réaliser un comportement, c'est ce qu'on appelle le leurre et là c'est encore plus piégeux. 

La problématique du leurre.
Le leurre n'est pas une mauvaise chose en soi, honnêtement certains comportements sont extrêmement difficiles à obtenir en shapping/capture, pas impossibles bien sûr mais il faut être très ingénue/ réactif.
Cela paraît facile d'enseigner un comportement en leurrant, mais il est surtout très facile de ralentir l'apprentissage ou d'enseigner autre chose que ce que l'on souhaite.
Tout d'abord le fait de leurrer l'animal nuit à sa concentration, il n'est pas aussi actif dans son apprentissage et plus ou moins obnubilé par ce qu'il suit. Il fait, mais sans avoir totalement conscience de ce qu'il est en train de faire.
Ensuite, si on conserve le leurre sur un nombre de répétition trop élevé, celui devient une partie du comportement ou tout du moins du signal qui amène à ce comportement. Le chien n'a pas appris à faire un tour sur lui même par exemple, il a appris que quand vous faites un cercle au dessus de sa tête avec une croquette, il doit la suivre.

Amener un comportement un guidant le chien étant quand même bien pratique, le propos ici n'est pas de bannir le guide, mais de l'utiliser de façon à ce qu'il ne se retourne pas contre nous:
- En le retirant rapidement lors de l'apprentissage.
- En le remplaçant par une cible, cela peut être la main ou un target stick.

Pour la faire courte, si entrainer votre chien avec des friandises ne donne pas de résultat, vérifiez si:
- Vous récompensez bien le comportement que vous souhaitez
- Vous ne grillez pas les étapes
- Vous êtes motivants
- Vous n'êtez pas trop prévisibles
- Vous n'avez pas intégré la présence des friandises à votre signal

Bien utilisé le renforcement positif en général, avec l'usage de friandises en particulier, donne des apprentissages qui sont solides et durables. Si vous êtes cohérents, progressifs et attentifs, les comportements que vous enseignez auront un historique positif pour votre chien et il les produira pour eux mêmes: pas besoin d'avoir de saucisse dans la main :).

Maintenant que nous avons fait un détour sur les choses qui peuvent faire qu'un chien ne travaille que lorsque de la nourriture est dans les parages, faisons un détour par ceux qui ne travaillent pas pour la nourriture. Je suis tombée sur un article intéressant sur le sujet (ici), et je trouve que le complément est pertinent.
Comme le souligne très justement l'auteur, tous les chiens mangent. Tous les chiens ont donc un intérêt pour la nourriture. Que peut il bien se passer pour qu'un chien ne considère pas une récompense comme un renforcement positif? Là encore c'est notre gestion des friandises qui est en cause. Lorsque nous utilisons l'attirance naturelle de notre chien pour la nourriture pour le tromper et l'amener là où il ne veut pas aller, nous entachons cette association positive. Et à force de répétitions, un nombre plus ou moins élevé suivant les individus, nous empoissons le signal friandise: l'arrivée d'une récompense n'est plus forcément une bonne nouvelle. Comme rien n'est plus explicite que le concret et que les exemples de l'article sont très parlants, je vais les reprendre.
- Votre chien ne revient pas à votre appel, vous sortez sa friandise préférée, la brandissez en criant "Biscrok" (je ne sais pas ce qu'ils mettent là dedans mais sérieux, les chiens ont une addiction à ces trucs). Votre chien rapplique et vous en profitez pour le chopper par le collier. Biscrok n'est alors pas suivi du Biscrok, mais signifie la fin d'un moment plaisant.
- Vous partez et voulez mettre votre chien en cage, vous l'amenez à vous avec une friandise, l'attrapez et l'enfermez. Venir chercher la friandise n'est plus juste un moment agréable, c'est le prémisse à un quelque chose de non souhaité (la cage nécessite un apprentissage).


Ne travailler que pour des bonbeks, ne pas travailler pour des bonbeks, les deux sont des comportements acquis.