dimanche 10 août 2014

Billet N°4:La sélection en question

Hier je me suis retrouvée aux urgences vétérinaires parce que mon cavalier s'était mis à hurler de douleurs pour d'obscures raisons. Flappy a un syndrome de Chiairi qui est diagnostiqué depuis ses 10mois, apprendre qu'il faisait une crise de douleurs neurologiques n'a donc pas été une réelle surprise. Mais entrer dans le cabinet d'un véto qui ne vous connait pas, dire que votre chien a des douleurs non identifiées et l'entendre dire "C'est un cavalier, ça vient probablement de son cou" avant d'avoir pu lui exposer les antécédents, ça ça fait mal.

Dans la voiture sur le retour nous avons parlé de la sélection des races et je dois avouer que je suis assez catégorique sur le sujet.

Je ne fais pas partie des gens qui pensent que les races sont une hérésie, des packages de maladies plus ou moins horribles, de l'élitisme mal placé ou juste une mauvaise idée de personnes voulant jouer à Dieu.

J'aime le principe des races, le problème c'est que notre sélection actuelle est souvent bien éloignée de ce principe.


Mon chien est peut être splendide au regard du standard de sa race.
Mais il serait bien en mal de m'accompagner n'importe où comme ses ancêtres, parce que je dois adapter son environnement à ses pathologies.

Pourquoi avons nous créé les races? Pour avoir un approvisionnement stable de chiens capables de remplir une tâche. Nous avons sélectionné des chiens pour la chasse au cerf ou au lapin, pour la garde ou la défense, pour protéger nos troupeaux ou pour les mener plus aisément, pour se déplacer ou pour nager à notre place. Bref nous avons sélectionné nos races en fonction de leur utilité pendant des centaines d'années. Et ça nous l'avons oublié…

Combien d'élevages prestigieux n'ont plus que des lignées de show? Le physique prime sur les capacités. Comme si l'apparence d'une race était plus déterminante que son caractère et ses besoins. Et pourtant pourquoi ai-je adopté comme premier chien un cavalier plutôt qu'un beagle, 2 physiques qui me plaisent et un gabarit du même ordre? Parce que je n'avais aucune expérience dans le domaine et ne pouvais pas anticiper mon goût prononcé pour les balades et les sports canins. Alors j'ai choisi le plus Will-to-please et celui qui a le besoin d'activité le moins élevé des deux.
Pourquoi les chiens de policier sont majoritairement des bergers belges malinois? Parce que c'est un chien qui a les capacités physiques et d'apprentissage adaptées à cette tâche.
Pourquoi les bergers ont ils des borders collies et non pas des huskis pour garder leurs troupeaux? Parce que la sélection a fait que les premiers ont l'instinct nécessaire et pas les seconds.

Vous l'aurez compris, ce que je veux dire par là c'est que le coeur d'une race ce n'est pas son physique, ce sont ses aptitudes. Et pour continuer à produire des chiens ayant ses aptitudes, il faut pouvoir mettre les reproducteurs à l'épreuve. Ce qui veut dire que chiens de chasse qui reproduisent doivent chasser, les chiens de troupeaux qui reproduisent doivent troupeauter et les chiens de compagnie qui reproduisent doivent tenir compagnie.

En basant la sélection des reproducteurs sur leur seul physique, nous risquons de perdre l'essence même des races. Et si se retrouver avec un chien de compagnie de nature très indépendante parce qu'il est issue de parents qui n'apprécient pas spécialement le contact humain mais absolument magnifiques aux yeux des juges est triste, un chasseur qui prend un chien pour chasser la bécasse et se retrouve avec un animal qui a peur des coups de feux est dommageable.

De plus, en rejetant les critères d'utilité au second plan, on ouvre la porte à l'hyper type, qui réduit la fonctionnalité des chiens mais fait gagner des prix. Ne me dites pas que c'est faux, regardez les bergers allemands et leurs fesses qui trainent au sol. Ces chiens sont incapables de remplir leur fonction de chien de garde convenablement, mais ils sont champions de beauté.

Je ne sais pas quand j'adopterais un chiot à nouveau, je ne sais même pas quelle sera sa race, mais ce que je sais c'est que je choisirais un chiot dont les parents seront actifs et proches de leur propriétaire. Parce que je pense que c'est en demandant aux chiens de faire ce qu'ils devraient être capable de faire et en les faisant vivre au plus près de nous que nous sommes capables d'estimer si ce chien a les qualités requises pour se reproduire.

Il y a peu de temps une de mes amies, éleveuse de cavalier,  s'est agacée des remarques que certains éleveurs professionnels lui font parce qu'elle même a choisi d'être un élevage familial. Peut être qu'elle n'a pas la connaissance de la race qu'ont certains, n'a pas l'expérience d'un grand nombre de mise bas, n'a pas 15 champions dans son cheptel, mais elle peut se vanter de connaître le caractère ses chiens sur le bout des doigts, de pouvoir déterminer qu'ils ont un problème au tout premier symptôme et de leur offrir la vie pour laquelle nous les avons sélectionné: celle de chiens de compagnie. Et n'est ce pas là le principal?




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